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La Jet Set (Betrügen)


: Présentation

Contre une certaine idée du théâtre qui voudrait qu'un metteur en scène fasse, le temps d'une pièce, le tour d'une thématique, Gintersdorfer/Klassen osent la répétition et constituent une oeuvre prolixe et sérielle, afin de donner aux spectateurs le temps de se familiariser à leur processus de travail particulier et de découvrir leurs protagonistes. L'un d'entre eux est le danseur et chorégraphe Franck Edmond Yao alias Gadoukou la Star, qui apparaît dans les trois pièces présentées à Avignon.


Dans Logobi 05, il rencontre Richard Siegal, le chorégraphe et danseur contemporain qui travaillait auparavant dans la compagnie de William Forsythe. Cette pièce est exemplaire de la façon de procéder du groupe et repose entièrement sur l'improvisation, les interprètes s'interdisant même des redites d'une soirée à l'autre. Mais qu'est-ce que le «logobi» ? Une danse de rue d'Abidjan, qui, tout en impressionnant ses interlocuteurs, transcrit en mouvements des vérités du quotidien. À partir de cette base esthétique, culturelle et sociale, se noue un dialogue entre la danse ivoirienne actuelle et la danse contemporaine occidentale, au cours duquel les deux acolytes parlent, dansent, comparent leur expérience respective et explorent avec humour leurs différences.


La Fin du western poursuit cette confrontation sur le terrain de la politique. Les cinq protagonistes ivoiriens et leurs deux comparses allemands font le récit de la crise qui a ébranlé la Côte d'Ivoire il y a deux ans, alors que Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara inventaient la double démocratie en revendiquant chacun la victoire à l'élection présidentielle. Portrait d'un État schizophrénique, La Fin du western met en scène des corps qui reflètent les rapports changeants de leadership et s'épuisent dans des paroles et des mouvements contradictoires. Dans cette expérience de la démocratie menée jusqu'à l'absurde, c'est également l'égoïsme des puissances occidentales qui est appelé à la barre.


Face à la crise de la Côte d'Ivoire, le mouvement «la jet set» a inventé le coupé-décalé dans le milieu de la diaspora ivoirienne à Paris : une façon de résister, à travers la fête et le glamour, à la guerre civile. Issu de l'argot ivoirien, «couper» signifie tricher, voler ou arnaquer et «décaler», s'enfuir. Le spectacle La Jet Set se saisit des codes de ce milieu, où la dépense, le luxe et la frime sont valorisés, pour atteindre les limites que se pose la bien-pensance européenne. Dans cette soirée, le jeu subversif de la jet set brouille la frontière entre les situations réelles et l'outrance des rôles endossés.

Marion Siéfert

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