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L'Etranger

+ d'infos sur l'adaptation de Ken Michel ,
mise en scène Mailys Castets

: Présentation

Meursault, jeune homme vivant en Algérie française, reçoit un télégramme lui annonçant la mort de sa mère. Après l'enterrement, il rencontre son voisin de palier, Raymond Sintès, qui l'invite dans un cabanon au bord de la mer. Raymond est souteneur, il s’est montré brutal avec sa dernière maîtresse Mauresque et craint des représailles de la part du frère. Se promenant sur la plage, ils croisent un groupe d'Arabes dont l’un est le frère de la jeune femme : une bagarre éclate, Raymond est blessé. Plus tard, Meursault marche seul sur la plage : il est accablé par la chaleur étouffante, abruti par la luminosité - par le soleil, le même soleil que le jour de l'enterrement de sa mère...


A l'origine, un défi : adapter sur scène ce chef d'oeuvre classé à la première place des cent meilleurs livres du XXème siècle.


Sur le fil du récit, simplicité et poésie rivalisent d'une grâce fulgurante, pour creuser chez le lecteur une faille sans réponse. La situation théâtrale va fournir aux spectateurs un éclairage inédit, leur permettant de scruter ce personnage impénétrable et énigmatique, solitaire et solaire - vide du sens commun et pourtant ivre de vie. D'exercer sur lui un regard littéralement inquisiteur, lequel se dédouble dans la pièce au moment du procès. Le spectacle devient alors une mise en abîme de la condamnation de Meursault, par une société entière : Meursault, étranger de lui-même, étranger face aux autres, face à une communauté bien pensante, sensible, logique enfin. Cette société : est-ce la nôtre ? Le destin de cet homme, est-il un reflet du nôtre ?


La mise en scène est épurée : sobre et stylisée. Il s'agit de se mettre au plus près de la langue, terriblement dépouillée, de ce vrai-faux journal intime et aride ! Tantôt sec tantôt brûlant, avec ses îlots de lyrisme intense qui émergent d'une écriture du « neutre ». Il s'agit également de rendre sensible l'alternance et le décalage constants entre narration et action : le protagoniste masculin revit-il réellement l'histoire qu'il nous raconte ? Au-delà des multiples rôles qu'elle assume à l'intérieur de cette histoire, que signifie donc la présence de l'actrice ?


A travers chants et symboles, sur les cordes expressives du violon, se fraie le ballet de deux corps : la présence, nue, sincère, luminescente de l’acteur - que vient tour à tour sublimer, menacer et immoler celle de l'actrice - image insaisissable et fuyante, figure à la fois de la victime et de l'autorité, des masques de la société, de la mort omniprésente.


Les corps, les postures tendues à l'espace, créent le défilé des images vécues. Les accessoires, par la souriante poésie des double-sens, se répondent, s'enchantent, s'évaporent, se transfigurent. Ainsi revit-on l’histoire d’un destin abrupt, miroir vertigineux du sens de notre existence, de son absurdité fondamentale, de sa solitude... et de sa liberté, en définitive et malgré tout. Et l’on se laisse guider par les interprètes, entre incarnation et distance, sur le flot des sensations et des mirages - jusqu'au silence.

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