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Accueil de « Jugement »

: Présentation

Depuis 1974, Jugement a été joué dans une dizaine de langues dans vingt pays, dont à Paris en 1979 et en 1995 par Jean Luc Moreau, inoubliable dans ce rôle. C'est lui qui m'a transmis ce texte.


C'est avec une grande appréhension mêlée d'une immense joie que je me trouve aujourd'hui enfin et assis au pied de cette montagne à gravir. Le temps de prendre une grande respiration.
Et je regarde en haut.


« Il y a des pièces qui réclament la même attention au public qu'à l'acteur, jugement en fait partie » en disait à l'époque le critique Nigel Jones dans « The independant ».


« Vous serez déplacé et dérangé, mais agréablement ». ajoutait Andy Lavender, dans City Limits.


J'imagine une scène sobre et dépouillée, rigide comme une cage, un sol de pierre des cachots. Un projecteur automatique, tour à tour mirador, caméra de surveillance ou rayon de soleil rode autour de l'acteur. La lumière comme une issue, comme trace de réalité, comme l'aile d'une vérité improbable ou fuyante. Jugement est surtout une performance, celle d'un acteur, seul, centre du monde et offert, ouvert jusque dans ses entrailles, coupable de raison, face au public: nous, ses juges. Jugement est horriblement théâtral.


Littéraire, la langue souple, fluide et précise de l'adaptation de Sarah Sanders et Jean François Prévand, nous entraîne dans les profondeurs de l'âme blessée mais solide d'un militaire soviétique qui doit justifier de ses actes commis durant son emprisonnement en Pologne pendant la guerre. C'est une tragédie moderne que Barry Collins avoue avoir voulut écrire. Le point de départ de la pièce est un fait réel, historique, décrit dans le dernier chapitre de « la mort de la tragédie » de Georges Steiner.
Jugement est une réponse au défi d'écrire une tragédie que Steiner nous lance dans le dernier chapitre de cet ouvrage: « La tragédie est cette forme d 'art qui exige cet intolérable fardeau de la présence de Dieu. Elle est morte à présent parce que son ombre ne tombe plus sur nous comme elle tombait sur Agamemnon, sur Macbeth ou sur Athalie. Ou peut-être la tragédie a-t-elle simplement changé de style et de convention»


C'est le monologue d'un homme qui se défend et qui par là défend notre droit fondamental à la différence. Militaire et coupable d'être militaire, il devient devant nous tout ce que l'on exècre et tout ce que l'on admire. Sensible et honnête, il ose s'adresser à ses juges comme à des frères avec qui il partagerait son infortune en confidence, appelant de ses voeux notre humilité et notre raison face au dégoût. Résistant face à la folie qui l'eut sauvé et nous aurait permis de l'interner à tout jamais.
Justifiant l'inacceptable pour nous amener jusqu'à l'empathie. Il fait naître en nous cette capacité à comprendre ce qui nous oppose, nous interdisant par là de porter tout jugement.


Jugement est une pièce incontournable, monobloc, et qui ne fait aucune concession


Frédéric de Rougemont

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