“I miss my pre-internet brain.”

Je fais ce métier parce que je m’intéresse au monde, à celui d’aujourd’hui, qu’il me questionne. Ecrire et jouer un spectacle, c’est pour moi partager ces questionnements, les provoquer. Quand je regarde autour de moi, j’ai parfois la sensation que le monde d’aujourd’hui change très vite, trop vite, et que nous changeons, nous aussi. J’ai l’impression que chacun se sent dépassé par ces changements.

La révolution numérique, les internets, Facebook, les jeux vidéos, l’ultra-connectivité, la domotique, l’internet des objets, les intelligences artificielles, les sites et applications de rencontres, les drones, la réalité virtuelle... sont des éléments de société avec lesquels il faut désormais compter, que l’on soit pour ou contre. Mais qui s’y retrouve ? Cette révolution numérique bouleverse nos façons d’interagir, nos comportements, notre rapport au réel, la conception même du réel. Et s’introduit de plus en plus dans nos conversations. Elle crée de nouvelles problématiques comportementales, sociales, économiques, existentielles, mais aussi de nouveaux possibles, de nouveaux horizons. Et continue d’évoluer à une vitesse folle.

Prenons du recul. L’Homme, en tant qu’espèce, évolue par la technique, en modifiant son environnement pour l’adapter à lui. Mais avec l’accélération (exponentielle) du progrès technologique, associé à celui des nouvelles technologies d’information et de communication, nous sommes de plus en plus dépossédés de notre auto-détermination. Nous sommes une génération charnière, confrontés à une logique d’adaptation. Car nous qui avons été enfants dans un monde sans internet, sans portables, nous voudrons pouvoir continuer à comprendre nos enfants, qui eux auront appris la programmation dès la maternelle ! Qu’est-ce qui nous sera différent, mutuellement incompréhensible ? Qu’est-ce qui nous réunira ? Qu’est-ce qui aura changé ? Qu’est-ce qui n’aura pas changé ?

Ces questionnements, ces conversations, seront au coeur de l’écriture de cette pièce. Une pièce sur le monde d’aujourd’hui et sur nous qui l’habitons, confrontés au progrès technologique dans notre intimité, dans nos interactions de groupe, en tant qu’espèce, en tant qu’HUMAINS.

Lucas Prieux