Cousin est un inconnu qui nous ressemble, un anonyme parmi la foule de notre espèce familière. A travers lui, il est question de chacun de nous, qui nourrissons nos « pythons » secrets, cultivons nos folies plus ou moins douces. Il est question de ces remparts intimes qui nous protègent du monde, pour s’y inventer une place, pour se tenir compagnie.

Même dissimulées, nos singularités, nos vulnérabilités et nos fantaisies sont un moyen de résister tant soit peu à l’absorption de l’anonymat, à la torpeur généralisée. Elles peuvent devenir une stratégie de contournement de l’uniformisation bureaucratique et marchande. Elles constituent une force, emplie de variété et de créativité.

Avec cette adaptation personnelle de Gros-Câlin, je veux faire entendre la drôlerie de cette écriture charnelle, son inventivité, ses résonnances politiques, pour questionner aujourd’hui l’individu dans la multitude, la case dans laquelle on se construit et parfois se cloisonne.

Et comme Gary/Ajar, partager cette impossibilité de désespérer tout à fait.

Alice Geairon