À défaut de trouver l’amour chez ses contemporains, Michel Cousin - interprété par Benoît Di Marco - s'éprend de Gros Câlin, un python adulte de 2,20m. Le spectacle s’ouvre sur la conférence qu’il donne sur les pythons, la façon qu'il a trouvée de devenir lui-même : accepter son python en lui. Un homme seul face à nous, dans une sorte de crudité-nudité que sa naïveté et sa tendresse conduisent aux plus folles extravagances.
Gros-Câlin, récit tragi-comique flamboyant sur la métamorphose et le besoin d'aimer, sur la perte d'identité et de repères, est le premier texte de Romain Gary écrit sous le nom d’Émile Ajar.

Enfant, je songeais souvent que tout le monde avait une tête différente sauf moi qui avait la même tête que tout le monde..., formidable paradoxe qui occupait pourtant mon esprit d'enfant comme une certitude au point qu'il m'eût semblé impossible que ma mère me retrouve‚ au milieu d'une foule tant... j'étais semblable à tous !
En mon for intérieur, cette sensation m'habite toujours, elle fonde même mon travail. Aussi, en rencontrant l'œuvre de R.Gary, ai-je eu l'impression de rencontrer un frère. Car cet auteur, préoccupé des questions d'identité , a passé sa vie à brouiller les pistes au risque parfois de se perdre lui-même. Il a traqué comme la peste tout ce qui pouvait ressembler à des classifications, fichages, contrôles et normes susceptibles d'enfermer les identités, de réduire les individus pour mieux les contrôler, pour mieux les opprimer.
Hélène Mathon