La Pop, incubateur francilien des musiques mises en scène, invite Halory Goerger en ouverture de son deuxième printemps. Après quatre semaines de résidence dans la cale de la péniche, l’auteur, comédien et metteur en scène donne un aperçu de sa prochaine création For Morton Feldman dans une première version pour La Pop, nommée « Etude ».

Lorsque l’enjeu n’est plus d’écouter, mais de s’appuyer sur le son pour créer la disponibilité mentale nécessaire à nos activités, le statut de la musique change. Musique de confort, musique de travail, musique fonctionnelle.

Que se passe t-il exactement dans notre cerveau lorsque grâce au son, nous faisons le vide mental nécessaire pour élaborer un concept, une image, un mouvement ?

Pour certains, cet état est obtenu en écoutant les variations Goldberg, probablement parce que leur rigueur mathématique ne heurte pas le travail d’élaboration intellectuelle. D’autres auront besoin d’Iggy Pop à fort volume pour chasser le réel comme on chasserait les mouches. Ou du 4/4 métronomique de la techno de Detroit, dans une physicalité du mouvement de la pensée. Si nous sommes une espèce musicale, comme le dit joliment Oliver Sacks, et que notre cerveau se nourrit de son, y a t-il des superaliments musicaux ? Morton Feldman a pu décrire sa musique comme une «stase vibratoire». La pièce vise à matérialiser au plateau cet état, et élever le niveau d’écoute du public jusqu’à cet endroit très particulier où les associations d’idées se font plus librement.

Elle donnera à voir ce qui se passe dans le cerveau lorsque la musique y fait son chemin, avec une approche cubiste du problème : pour comprendre le phénomène, il sera représenté sur le plateau sous plusieurs angles.

Aux côtés d’Halory Goerger, la pianiste invitée, Barbara Dang, interprètera Palais de Mari, une pièce de Morton Feldman, retravaillée et déconstruite pour souligner stratégies de composition et d’écoute.