La pièce est ambiguë. On referme le livre en se demandant ce qui s’est passé : qui a menti ? Qui est fou ? Krapp est-il vraiment ce grossier phallocrate ? De quel côté penche la vérité ? La pièce est ambigüe et c’est pour cette raison qu’elle est, paradoxalement, spectaculaire. Derrière une simple intrigue d’adultère se cache le conflit entre la raison et la foi.
Tout comme la raison, le mensonge est contagieux et les trois personnages qui semblent si sûrs de leurs convictions en sont souvent réduits à jouer les équilibristes sur le fil de la vérité.
Si l’auteur nomme lui même son œuvre un « essai sur la vérité », c’est bien qu’il faut y voir autre chose qu’une conception éculée du drame adultérin. Bien au delà, la pièce met en jeu les raisons du mensonge selon une classification acquise et le trio alors pourrait s’en trouver renommé : Krapp ou le mensonge joyeux, Julia ou le mensonge pernicieux, le Comte ou le mensonge officieux.