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Et je remercie Dieu d'être une femme

+ d'infos sur le texte de Pascale Anin
mise en scène Pascale Anin

: Présentation

Ce premier mot, ce premier cri on ne sait pas le crier. Autant appeler Dieu. C’est impossible. Et cela se fait »
Marguerite Duras



Le titre « Et je remercie Dieu d’être une femme » est une référence à une prière juive, qui dit l’inverse « je remercie Dieu de ne pas être une femme » et ainsi j’ai écrit une prière laïque.


C’est une (re)rencontre entre un homme et une femme autour d’une table et de whisky.


Elle et lui, sont deux personnages sans nom ni prénom, seulement une indication sexuelle, ce qui implique des personnages aux contours flous ; peut-être les deux faces d’une seule et même personne.


Elle prend en charge pratiquement toute la parole : un discours amoureux, adressé à lui ou à sa mère.


Elle se situe comme le langage dans la perte de son fondement hypothétique et dans une quête sans fin.


Lui parle très peu ; sa présence est mystérieuse, presque dérangeante, voir obscène.
Il peut être celui qui provoque la parole, celui qui subit la parole.


Sa parole finale peut être soit l’échec de ne pouvoir lui répondre, soit la possibilité de rentrer dans l’imaginaire d’elle en le prolongeant.


Sa présence-absence peut être liée à l’image divine : l’inconnu, ici la figure de l’amour.


J’ai utilisé un langage pauvre, dès fois grossier, pour être au plus proche de notre monde d’aujourd’hui et il ne faut pas chercher entre les lignes mais au-delà, dans quel ailleurs la pièce porte.




Note d'intentions


La disparition comme thème qui tisse le lien, disparition de l’amour-mère, disparition des repères ordinaires comme le temps et l’espace ; c’est l’espace-temps théâtre, un entre-deux entre la réalité quotidienne et la « réalité supérieure ».


Le rêve, comme clé qui ouvre un autre espace-temps et dans lequel des personnages-acteurs se meuvent, une réalité scénique prise dans le vertige réalité-fiction.


Deux personnes répètent dans une salle de théâtre et sont en cours de création ; huit chaises en bi-frontal définissent leur espace de travail et se transforment en différents espaces de jeux.
Différents niveaux s’entremêlent, deux acteurs en chantiers de création, un homme et une femme pris dans une histoire d’amour, deux personnes qui nous parlent de vie, de leur manque à être, et nous donnent leurs questions.
Deux danseurs, un danseur africain et une danseuse bûto rejoignent les acteurs dans leurs répétitions.
Ils sont comme le miroir du couple et nous entrons dans un autre univers tautologique où le double se décline à l’infini.


Sur des chants de gospel, la comédienne ouvre la porte du théâtre sacré grâce au rite, à la prière, et nous donne l’opportunité de questionner un espace scénique en perpétuel mouvement.



Ce qui m’intéresse est de confronter des univers, des personnes de différentes cultures,différents médias, théâtre-danse-chant, et créer la rencontre sans artifice.
Le personnage d’elle se dit être une actrice et ainsi nous donne la possibiliter d’aborder une question de l’acteur : sur quoi agit-il




UNE CREATION INSCRITE LE PROCESSUS D’UNE COMPAGNIE


Genèse du projet


En 1999, j’ai participé à un stage d’écriture, dirigé par Roland Fichet sur le thème de Naissance et chaos.
J’ai écrit un premier texte qui contient tous les germes de la pièce dans son ensemble.


« Je suis née
Eventrée


Ma mère vole
L’enfant de mon ventre


Elle s’y introduit à sa place
Dans la chaleur du dedans


Elle boit jusqu’à ce qu’elle éclate
Le sang coula dans mon sang


Trop de sang
Evacuation par le gouffre


La femme naît
Je recouds mon ventre


Je suis dans ces quatre murs parce qu’il est le seul endroit
Où j’allaite mon enfant sans reproche


Lorsque le sang de la bâtarde se mit à aboyer
Je gueulais de toutes mes forces


« Ne parles plus je t’en supplie
Tu fais souffrir les autres »
Me dit la voix de la prophétesse


Les murs ne répondent pas


Je suis née


Morte


Et j’ai appris à vivre dans l’oubli


Cocards dans les yeux
Cicatrices sous la bouche


Ivre morte
Mère à Terre


Christophe mon nounours protecteur de Maman


Rire des marmots
Appel au flic


Ne jamais plus te revoir
Croire en Dieu


Dépasser le corps
Corps violés


Père absent
Cœur grillagé
Espoir Fusillé


J’attends dans ces quatre murs qu’il vienne me l’avouer


Les clichés défilent


Impossible d’arrêter


Je suis dans la cage aux singes


J’attends qu’il vienne détruire l’immeuble »



Cet extrait est un condensé des thèmes que j’aborde dans la pièce : maternité, enfance, difficulté d’être, le psychique face à la vie et la mort. Pendant 6 ans, j’ai accumulé beaucoup de matériaux, écrits sur le coin d’une page, expériences de vie, études, travail dans différentes sociétés.
Finalement, en 2005, j’ai repris l’écriture dans l’optique de terminer cette première pièce et j’ai reçu l’aide d’encouragement à l’écriture, de la DMDTS, du ministère de la Culture.
Ce qui m’a intéressé dans ce travail, est de lier le fond et la forme, et de chercher une poésie dramatique qui reflète les gens d’aujourd’hui ; ce qui rend une parole, très intime, chaotique à la limite de la névrose et du questionnement sur l’identité.



De l’écriture à la mise en scène


Je suis comédienne de formation et je suis très attachée à la parole vivante et à la confrontation à l’autre.
L’an dernier, j’ai réalisé ma première mise en scène, sur un texte de Bernard Marie Koltès, le retour au désert. Ce fut une expérience riche, car l’équipe était composé de 13 acteurs professionnels, et le texte est semé d’embûches comme des apparitions de fantômes, envol de personnage. Nous avons eu beaucoup de soutien, notamment, de la part de François Koltès, qui nous a prêté une exposition retraçant le parcours de son frère, et la vidéo d’un de ces films, adaptée d’une pièce Tabataba.
Mettre en scène mon premier texte dramatique, était comme une sorte d’évidence, puisque je veux continuer ce travail de mise en scène, et prolonger mon travail d’écriture en le portant sur scène. J’ai obtenu une subvention d’Envie d’agir, ministère de la Jeunesse et des Sports pour mener ce projet à terme.


Démarche sociale : sensibilisation et publics visés


Je développe un travail et une recherche autour de plusieurs axes dans plusieurs domaines, notamment, qu’est-ce qu’un acteur, sur quoi agit-il.


J’ai le souci de m’inscrire dans une réalité sociale, de faire du théâtre pour les gens d’aujourd’hui, c’est pourquoi je développe différents projets vers différents publics.


Des rencontres à la maison des femmes de Montreuil se dérouleront dans l’année 2006-2007, suite à une lecture de la pièce fin avril ; je souhaite créer un espace de dialogue autour de cette parole intime de femme.
Des représentations et des lectures en maison d’arrêt femmes sont envisagées, travail que j’ai déjà mené en 2000 à Nantes ; poursuivre cette démarche, pour apporter un soutien aux détenues et créer un dialogue par rapport à la parole que je défends.


« Quoi, quoi, quoi ? Pourquoi on est acteur, hein ? On est acteur parce qu’on ne s’habitue pas à vivre dans le corps imposé, dans le sexe imposé. »
Valère Novarina


Ce spectacle vise un public adulte, c’est pourquoi des lieux qui défendent les textes contemporains sont démarchés. Mais, je souhaite décloisonner cette parole du milieu fermé du théâtre, en visant des publics particuliers.



Développement et avenir du projet


Avec la création de ce spectacle, j’ai crée ma compagnie, en optant pour plusieurs axes.
J’ai nommé ma compagnie Lanoa, qui veut dire nuage en basque, et j’ai réfléchi sur son identité visuelle.
Je développe, depuis plusieurs années, un travail axé sur les mémoires corporelles, en collaboration avec Mamadou Dioume et en parallèle je cherche un lien avec les cultures orales, notamment celle du pays basque.
Avec la création de cette compagnie, je développe ce travail en créant des ateliers autour de ces axes et des stages avec différents intervenants.
La poésie et l’écriture dramatique est un axe majeur de la compagnie ; par la création de textes inédits et la production et le soutien de nouvelles œuvres, des ateliers d’écriture.
Le questionnement sur l’identité sexuelle, sociale, culturelle est au centre des préoccupations de la compagnie, par l’ouverture à des débats avec différentes associations ; des débats et des lectures sont prévus à la maison des femmes de Montreuil. Nous souhaitons aussi prolonger notre démarche en travaillant dans des lieux particuliers, maisons de retraites, foyers africains, pour écouter et travailler sur la parole de ces personnes.
J’ai plusieurs contacts avec des lieux en Afrique, grâce à un réseau professionnel, et j’envisage après la création, des représentations dans ces pays afin de créer des liens, nourrir et confronter notre parole ; je pense que les thèmes abordés pourraient trouver un écho en allant vers le Sud.

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