« Dès les premiers pas, le rapport au corps s’invite.

Différent, naturel, humble et émouvant. L’immensité du plateau s’impose lorsqu’une vieille femme en noir, s’avance, dans le silence. La suivent d’autres humains, tous âges confondus, qui occupent les deux côtés de la scène. Comme des équipes prêtes à s’affronter ou plutôt à s’unir en un mouvement perpétuel et inverse au sens des aiguilles d’une montre.

Les bras ballants, les mains croisées dans le dos, sur les hanches, ou posées en prière sur le coeur, des femmes, des hommes, d’autres jeunes femmes et hommes marchent, puis courent.

Ensemble, ou séparément. A leur rythme. Ils sont trente ou plus en tout et donnent l’impression d’être deux fois plus nombreux.

L’entêtant « Sacre du printemps » d’Igor Stravinsky les guide, les emporte, les submerge.

Un jeune homme pose sa main dans le dos d’un aîné. Une grand-mère, les bras grands ouverts, embrasse la vie en courant. L’intensité grandit.

La beauté du spectacle aussi - les danseurs d’origine, qui ont dansé plus de vingt fois le spectacle, des seniors entre 62 et 82 ans, à une vingtaine de jeunes comédiens et deux pianistes.

Une histoire de transmission.

« Je suis au printemps de mes automnes », savoure Maryse, dont la fraîcheur et l’éclat démentent ses 81 ans. »

Thierry Thieû Niang