: Note d’intention
COMMENT PASSER DE LA CARTE POSTALE À LA SCÈNE ?
Il y a un courant contemporain du théâtre qui ne peut pas s’empêcher d’inscrire dans
son travail la question du rôle de l’homme dans le monde. Est-il encore au centre de
l’univers, et donc de la scène ? Et si oui, est-il raisonnable, tenant compte des
désastres dont il est responsable ? La parole, le verbe, sont-ils encore les messagers
du sens, et donc le centre de l’acte théâtral ? De ces questionnements découle un
florilège de nouvelles appellations des arts de la scène : Théâtre-objet, Théâtre-danse,
Opérette conceptuelle, Opérette imaginaire, Gastronomie-théâtre…
Notre projet est le symbole d’un mariage interracial fortement improbable : celui des
cartes postales bidimensionnelles dont on fait la lecture en 4 secondes avec celui du
développement narratif dans la tridimensionnalité d’un plateau de théâtre.
L’univers poétique des Plonk et Replonk implique une autre vision du récit. Il faut se
détacher de la structure classique (prologue, développement, épilogue) pour se lancer
dans le souk des formes d’écriture composées d’anecdotes, de fragments minuscules,
de digressions surréelles, sans toutefois perdre le sens d’un discours dans ces ruelles
riches en couleur. En musique, ce serait comme de s’éloigner de la forme
symphonique pour aller vers la musique minimaliste, d’où un travail important sur le
rythme et la construction.
L'HISTOIRE
Une autre particularité de ce projet est que ni les images ni le texte n’ont préexisté au
début des répétitions. La trajectoire du personnage de l’Agent-Double est née au fil
des séances de travail, tant des idées des Plonk & Replonk, des improvisations de
Didier Chiffelle, de ma façon d’architecturer la narration que des prouesses
informatiques de Loïc Pipoz.
Aujourd’hui, le spectacle c’est le récit des aventures de vie d’Otto, « Agent-double de
Père en Fils », qui traverse, parfois avec maîtrise mais plus souvent sans aucune
qualité, la grande et la minuscule histoire de l’Europe du siècle et s’achève, après son
naufrage, sur les plages de ce troisième millénaire.
Si l’on y prête attention, un soir d’hiver, dans une ville qui pourrait être La Chaux-de-
Fonds (CH), on pourra remarquer, assis à la même table d’un bistrot, Forrest Gump (R.
Zemeckis), le brave soldat Schweik (Hasek), Zelig (W. Allen) et, bien entendu, Otto et
les Plonk & Replonk.
Andrea Novicov
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