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D'entre les morts

mise en scène Elodie Lavoute

: Présentation

Résumé


Un groupe de résistants est traqué par des miliciens. Partagés entre espoir et doute, lassitude et conviction, ils seront confrontés aux sévices et au cynisme de leurs détracteurs.
A qui, à quoi résistent-ils dans ce conflit trouble qui selon l'un "n'est pas une guerre" mais qu'un autre définit comme "une guerre bizarre en vérité. Une histoire sans paroles, du cinéma muet" ?
Dans ces conditions extrèmes, malgré la misère et l'urgence, se nouent des liens d'amitié complexes et une histoire d'amour tente de faire son chemin, à la poursuite d'un rêve né d'entre les morts.




Présentation de la pièce : Introduction


Pour présenter D'entre les Morts, le plus approprié est de citer son auteur, Jean-Pierre Siméon : « J'ai l'impression que je suis en passe d'écrire - que cela me plaise ou non - une pièce dont le propos est insupportablement existentialiste, humaniste, moraliste, poétique de surcroît, donc violemment anachronique. »


D'entre les morts est composée de 26 scènes et alterne monologues et scènes dialoguées.
Pour reprendre encore une fois l'auteur, « l'écriture veut coudre dans un même tissu une langue sobre qui touche au registre réaliste et une langue poétique et lyrique qui le déborde aussi souvent qu'il est possible. »


L'action est relativement simple : pendant une étrange guerre civile, en un lieu et une époque volontairement indéfinis, un groupe de rebelles est mis à l'épreuve. La particularité de la pièce réside dans le traitement de la mort des protagonistes, qui demeurent en scène, accompagnent l'action, observent les vivants et continuent de dialoguer. La question posée est celle de la pertinence de l'espoir dans des conditions extrêmes, autrement dit : faut-il continuer ou non de se battre alors même que tout fait croire à une fatalité impitoyable et effroyable ?
Peut-on et doit-on continuer à espérer malgré cette marche inexorable ?
Ainsi, malgré toutes ces morts successives, malgré cette force qui semble être en marche, Lorenzo croit « qu'on peut encore trier dans le ragoût [...] Il y en a des à qui un radis d'espoir quotidien suffit. » (Robert, p.64) Ce à quoi Thérèse répond : « la maladie de l'espoir est contagieuse. » (p.83)


Le combat de ce groupe de résistants n'est pas clairement défini mais nous renvoie aux luttes contre toutes les formes de totalitarisme et de despotisme (économique, social, politique...).
A l'heure où nombreux sont ceux qui se lèvent pour faire entendre leur voix et leurs idées, la Compagnie des Multitudes s'emploie à agir en proposant pour la première fois sur une scène parisienne le texte de Jean-Pierre Siméon, vision poétique d'un monde malheureusement orphelin de poésie.
La Compagnie des Multitudes tente de relever le défi de revenir à l'essence même du théâtre, vecteur de cohésion sociale, de débat politique mais aussi de divertissement depuis ses origines. Sur scène, le premier combat de l'acteur est d'opposer à l'immobilisme intellectuel et à l'emprisonnement culturel un regard critique mais sans jamais prendre parti.
Le défi sera relevé si les spectateurs sortent du spectacle les yeux grands ouverts sur le monde mais l'espoir au coeur.




Notes de Mise en Scène


La mise en scène de D'entre les Morts est basée sur le rassemblement et l'interaction de différents arts : art dramatique, stylisme, composition musicale, lumières, graphismes et maquillage.


La proximité de l'action renforce chez le spectateur le sensation d'intemporalité et d'infini, d'une action très proche de lui, de ce qu'il pourrait vivre.
La pièce en elle-même ne contient aucune indication de temps ou d'endroit, et la musique, les costumes, et les comédiens renforcent cette impression:
musique électronique, pas de décors, costumes quotidiens retravaillés (aplats de silicone, décoloration, salissures...).
Afin de resituer le combat des personnages dans un contexte plus vaste, et de renforcer le message de la pièce, un texte de Wu Ming ("anonyme" en chinois mandarin) a été ajouté en prologue au texte de J.P Siméon, Des Multitudes d'Europe en marche contre l'empire et vers Gênes, qui relate des révoltes historiques contre l'ordre établi, depuis le Moyen-Age.
Les comédiens entremêlés sur scène sont présents dès l'entrée des spectateurs en un charnier de corps morts, qui s'éveillent à la vie dès le début de la musique. Chacun se lève ensuite pour venir joué un paragraphe du texte Des Multitudes.


Dix des treize personnages de la pièce meurent au fur et à mesure de l'action. Après leur mort, sur la musique composée pour la pièce et éclairés par une lumière rouge, ils se relèvent. Le premier seul, les suivants relevés par les précédents morts, pour aller rejoindre en fond de scène le choeur des morts.
Mouvements chorégraphiés, presque dansés, la main tendue puis la poignée de main reviennent, entre ex-amis, ex-ennemis, et nous interroge sur ce qui reste dans la mort de nos inimitiés passées.
Le choeur des morts restera présent tout au long de la pièce, suivant l'action, intervenant parfois, présence inquiétante ou rassurante selon les moments.
Simples spectateurs de certaines scènes, les morts s'échappent parfois du choeur pour se rapprocher de l'action des vivants. La scène 22 leur donne la parole, chacun fouillant sa mémoire à la recherche de ce qu'il reste "pour le plaisir" ou "pour le désespoir".
Enfin, lorsque l'action atteint son paroxysme, ils l'interrompent pour émettre des hypothèses sur le devenir des vivants (scène 24).
Ce choeur a également en charge l'installation des accessoires, ce qu'il fait en jeu, accompagné par la musique.
Le fait que les morts se relèvent les uns et les autres et installent l'espace dans lequel évoluent les vivants nous sert à la fois à soutenir le propos de la pièce, et à garder un espace de jeu constamment éclairé, puisqu'un des partis pris est de ne jamais utiliser le noir de façon utilitaire mais seulement à des fins dramatiques afin de ne pas mettre le spectateur en « vacances d'attention » (Bernard-Marie Koltès, cité par Enzo Cormann dans A quoi sert le théâtre ?).


Les lumières, créées par Gérald Sanchez, qui oscillent entre lumière crue, rouge et utilisation du stroboscope se liguent avec la musique originale, déstructurée et break mais soutenue par une mélodie entêtante, composée par Benjamin Bosch pour entraîner le spectateur dans un univers complet qui le sort de son quotidien.

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