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Dans la solitude des champs de coton

mise en scène Frank Hoffmann

: Propos du metteur en scène

On n'est qu'une fois au cours de sa vie Dealer et qu'une fois Client, et pour devenir Dealer il faut bien avoir été Client. Pour posséder tout ce que l'Autre peut bien réclamer, il faut connaître tous les désirs et il faut surtout les avoir tous ressentis…


Bernard Ballet, jadis encore Client, se tient dans la terre du plateau, prêt à accueillir pour l'absorber et se confondre en lui dans la mort - Denis Lavant, parcourant toute une vie, du jeune homme avide de savoir jusqu'au vieil homme dépourvu de tout, mais sachant que le Dealer de demain, ce sera lui… Et ce sera lui qui, pour y parvenir, extraira comme dans la "partie de cœur" de Heiner Müller le cœur de l'Autre "chirurgicalement".


Ballet et Lavant, un couple hors du commun pour un texte hors du commun.


Koltès, selon Jean-Marie Piemme, est un arpenteur qui mesure l’étendue du désastre, la tragédie n’est pas dans son texte, elle commence seulement lorsque le texte se met à bourgeonner dans la tête du spectateur ou du lecteur. Koltès n’est pas bouleversant, il est seulement implacable, terriblement logique, de cette logique si clairement exprimée et si facile à comprendre qu’elle vous laisse perdu à la fin du texte, tout content que l’instant étiré trouve sa conclusion, tout content que vienne enfin le nom du désir qui suture – tout provisoirement – l’inachèvement.


Dans la solitude des champs de coton est exemplaire de l’énigme et du secret qui sont au cœur de la dramaturgie de Koltès : tout le dialogue se noue autour d’un objet indicible, que pourraient échanger Client et Dealer si l’un consentait à nommer son désir et l’autre à définir son offre. Le mystère entretient le commerce qui ne se nourrit que d’impossible et de manque à être…


Koltès, c'est la douleur d'un monde tiraillé entre les "brutes" et les "demoiselles", le drame de l'être humain souffrant de n'être pas l'Autre, de rester toujours inachevé, car "la vraie et terrible cruauté est celle de l'homme ou de l'animal qui rend l'homme ou l'animal inachevé".


La mise en scène est orientée autour de deux volumes énigmatiques, et la lumière est l'endroit d'où on vient et où on va, mais elle n'éclairera pas vraiment le lieu de la transaction elle-même.


Chez Koltès, l’obscurité du théâtre continue de briller, imperturbablement.

Frank Hoffmann

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