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Chocolat blues

+ d'infos sur l'adaptation de Gérard Noiriel ,
mise en scène Isa Armand

: Présentation

Rafael a le blues. Il peste contre ceux qui n’ont jamais reconnu le rôle majeur qu’il a joué dans l’histoire du spectacle vivant en France. Il nous raconte l’aventure qu’a été sa vie, images et musique à l’appui.
Esclave cubain vendu à un marchand portugais, Rafael arrive en Europe à l’âge de dix ans. Il n’a pour seul bagage que les gestes qu’il a appris quand il était enfant, en regardant les esclaves noirs qui dansaient sur le port de la Havane. Ces gestes, on les retrouve encore aujourd’hui dans les mouvements de base du hip-hop. C’est la mémoire des Africains déportés en Amérique. C’est aussi la course du « cimaron », du « nègre marron », fuyant l’enfer des plantations pour découvrir la liberté.
Son maître le place dans une ferme, non loin de Bilbao, comme domestique. Rafael n’est plus esclave, mais il n’est pas devenu pour autant un homme libre. Alors il s’enfuit à nouveau. Il a 14 ans. Il erre dans les rues de Bilbao, comme un enfant perdu. Vagabond, groom, mineur de fer... Un jour qu’il danse dans un bar, il est repéré par Tony Grice, un célèbre clown anglais, qui l’emmène à Paris.
Nous sommes en 1886. La plupart des Français n’ont encore jamais vu de Noirs. On se moque de lui. On le surnomme « Chocolat », à cause de sa couleur de peau. Rafael serre les dents et transforme son « handicap » en atout. Puisqu’il fait rire, il deviendra clown. Et ça marche ! Quand il danse, les Français le comparent à un singe, mais en même temps ils sont fascinés. Il n’ont jamais vu un homme danser comme lui. En 1888, Rafael triomphe au Nouveau-Cirque dans la « Noce de Chocolat ». Il devient célèbre. A la fois clown, danseur, chanteur, il est le roi des nuits parisiennes. Toulouse-Lautrec fait son portrait ; il est filmé par les frères Lumière. Son personnage inspire les écrivains, les publicitaires, les fabricants de jeux, de jouets et de marionnettes.
Mais la mode change vite, surtout à Paris. Dès les premières années du XXe siècle, une nouvelle génération de danseurs noirs américains arrivent sur la scène du music hall. Ils triomphent avec le cake-walk, la danse inventée par des esclaves dans les plantations du sud des États-Unis, un siècle plus tôt. Ce sont les mêmes gestes de base que ceux qu’a introduit Rafael 15 ans auparavant. Mais le « clown nègre » a cessé de plaire. Il sombre dans l’oubli et meurt en 1917. On l’enterre dans le carré des indigents, au cimetière de Bordeaux.
Rafael a le blues. Le rôle des pionniers est vraiment ingrat. Ils se heurtent au mépris et à l’incompréhension du public, parce qu’ils bouleversent les façons de voir et les manières de faire. Mais lorsque leurs innovations sont acceptées, le public oublie ceux qui les ont introduites. Rafael se console en regardant ces jeunes qui dansent le hip hop sur le parvis des cités de banlieue, car ils commémorent sans le savoir son fabuleux destin.
A travers notre proposition associant un artiste et Gérard Noiriel, nous rendons hommage au premier artiste noir de la scène française. A travers son histoire, il s’agit aussi de rappeler le rôle précoce qu’a joué la culture des esclaves afro-américains dans le spectacle vivant en France. Plus généralement, l’ambition est d’aborder sous un angle neuf, la question des discriminations, de l’intégration et de l’émancipation, dans la société française d’aujourd’hui.

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