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Box office

+ d'infos sur le texte de Damien Gabriac
mise en scène Thomas Jolly

: Note d'intention

Dans un village de France, quatre adolescents, issus de familles que tout oppose, de la fille d’ouvrier au fils du notable, commettent un cambriolage chez une célèbre actrice ayant acheté une immense propriété près de ce village. Ils sont maladroits, inexpérimentés, bien trop jeunes pour le crime. Au moment de partir de la maison avec leur butin se pose alors la question de savoir s’il faut garder en vie leur victime qui a vu leurs visages. S’engage alors un débat houleux entre nos quatre protagonistes. Ils vont dans ce moment d’urgence et d’inquiétude se révéler à euxmêmes, aux autres, se fraterniser, se déchirer. Se posera alors la question de la gloire ou médiocrité de leur acte, vis-à-vis d’eux-mêmes, de leur famille. Est-ce que la riche propriétaire pourra dissuader ce groupe improbable devenu bande de ne pas l’éliminer ? Est-ce qu’à l’intérieur même du groupe la suspicion de dénonciation ne va pas s’installer ? Ou bien même est-ce que la dénonciation de leur crime, la cruauté de celui-ci, n’est pas une aubaine pour exister plus encore ?
Selon son milieu social, économique, culturel, un adolescent se structurant pour l’avenir sera fortement influencé par sa famille, ses parents, cela pourra aller du rejet à l’adhésion totale à la pensée de ses ainés ; en tout cas il y aura constitution profonde par rapport à. Un fils d’ouvrier pensera différemment d’un fils de président directeur général. Un enfant qui a faim, pensera différemment d’un enfant qui a tout. Les inquiétudes existeront des deux côtés, mais elles seront placées ailleurs.
En termes de langage aussi, l’origine, la formation culturelle pèseront sur le choix des mots.
Cela ne veut pas dire qu’untel est plus intelligent qu’un autre, mais que pour s’exprimer ils utiliseront des moyens différents. Les quatre adolescents sont les représentants de leur famille, pour chacun l’idée de groupe est différente, pour chacun le cambriolage de cette maison, des biens de cette célèbre personne, représente quelque chose, pour chacun la vie n’a pas la même valeur.
Je suis parti pour concevoir le projet Ado du Préau de Vire de plusieurs oeuvres ou faits de sociétés, dans lesquels les protagonistes sont des adolescents : les contes d’Andersen : les souliers rouges notamment, des mythes Grecs, les Skins Party (fêtes adolescentes modernes et dévergondées), et quelques faits divers.
Mon désir est d’ancrer la future pièce le plus possible dans le monde d’aujourd’hui.
Et pour parler à des adolescents avec des adolescents, avec Thomas Jolly nous avons pris le parti, de par nos gouts communs pour les histoires à suspense, de voir du côté des polars, huis-clos, et autres textes à enquêtes et rebondissements. Nous voulons raconter une histoire, au sens le plus traditionnel du terme, unité de temps, unité de lieu, unité d’action. Ensuite nous ne souhaitions pas forcément d’un crime qui allait faire débuter la pièce par le poids trop important d’un corps mort ; est venue à nous l’idée non pas d’un meurtre originel mais de sa mise en place :
Comment de jeunes personnes peuvent mettre à mort un autre personne ? Comment cette mécanique absolue et tragique se met en place, par quel moyen ? Pour écrire ce projet je me suis inspiré aussi de l’auteur de roman Tony Duvert, qui se questionne sur la sexualité des enfants/adolescents et leur rapport au monde selon leur milieu social.
Il y a bien sûr Sa Majesté des Mouches de William Golding, roman dans lequel des adolescents sans leurs parents reproduisent les schémas sociaux du monde des adultes, et enfin des films comme Scream ou Souviens-toi l’été dernier, dans lesquels des adolescents sont confrontés au meurtre, aussi bien dans son silence cruel que dans son geste spectaculaire. Il y a aussi de très bonnes séries télévisées britanniques comme Skins ou Misfits mettant en scène des adolescents fracassés par leur famille, livrés à eux-mêmes, et cherchant à vivre, exister, se construire.
Box Office.
J’ai pensé à ce titre en partant de l’idée que je voulais à la fois rendre hommage au teenage-movies et aux pièces de théâtres contemporaines britanniques de Crimp, Ravenhill, Kelly etc. Un titre en anglais donc ; avec l’idée de la boite, dans la boite, la boite du théâtre, le huit clos, box ; et l’office : religieux, la cérémonie, faire office de, se faire passer pour, et la pièce accolée à la cuisine, celle ou l’on prépare les plats (peut-être le lieu de l’action). Et enfin Box Office, ensemble, parce que ça brille on va dire, ça frappe. On désire tous ou presque aujourd’hui que nos actes soient vus et reconnus, servent à quelque chose en tout cas, donnent du sens à nos vies.
Ces quatre adolescents confrontés au crime désirent absolument exister, pour des raisons différentes : auprès de leur famille, à l’intérieur de leurs communautés, l’un pour de l’argent, l’autre pour la beauté de l’acte criminel, ou bien tout simplement pour l’adrénaline, et vérifier que l’on vaut quelque chose. Le personnage de l’actrice célèbre représentera, tout ce qu’ils désirent absolument, tout ce qui les fascine, l’étrangère qui a tout, l’amour, la gloire, le glamour, la beauté, le confort, sa vie d’adulte insouciante (une adulte pouvant vivre encore dans l’enfance), sa culture, ses richesses, et pourquoi pas une mère parfaite. Ils seront confrontés face à « ça », le « ça » qui les regarde, qui va les découvrir, à tout ce pourquoi ils sont là maintenant et aujourd’hui.

Damien Gabriac

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