Après un premier spectacle éponyme accueilli de manières plutôt contrastées par le public et les professionnels, les clownesses se sont sérieusement remises en question. Soucieuse d’apprendre la rigueur et la discipline, elles ont séjourné au sein du régime le plus sévère au monde et reviennent de Corée de Nord totalement transfigurées. Bienvenue en Corée du Nord, est le récit de leur voyage, une ode au Juche et à la dynastie des Kim.

Depuis cinq ans, nous travaillons à revisiter le répertoire et les formes de la comédie et de l’humour. En parallèle de propositions réalisées à partir de textes dramatiques, dernièrement La Farce de Maître Pathelin et le Dépit Amoureux de Molière, nous nous intéressons plus particulièrement au clown contemporain. Nous avons ainsi créé plusieurs spectacles Pauline Couic en 2011, Les Clownesses en 2013 et mené différentes tentatives avec le laboratoire des clowns (rassemblement national H/F, présentation de saison du Théâtre de la Chapelle Saint-Louis, Néandertal Show pour le musée de Normandie, Pierre et le Loup insolite avec l’Orchestre Régional…). Nous emmenons les clowns là où on ne les attend pas, que ce soit en convaincant les directeurs des grandes scènes labellisée de nous confier leurs publics et leur plateau ou dans les sujets et les thématiques que nous abordons. Ce qui nous intéresse relève moins de la tradition du clown que de la quête de liberté, d’inattendu que permet cet art. C’est avec cette volonté de nous aventurer en terres inconnues, de nous affranchir du cloisonnement appliqué aux clowns, de nous essayer à de nouvelles audaces que nous avons voulu écrire un spectacle autour de la Corée du Nord.
En réalité, nous avons fait deux voyages en Corée du Nord : le premier en lisant beaucoup, en nous instruisant sur ce que nous allions découvrir et le second, en nous déplaçant physiquement dans le pays. Lors de cet incroyable voyage, nous avons été frappés par l’écart qui existait entre ce que nous pensions trouver et ce que nous avons réellement vu et entendu ; par l’écart que nous ressentions du quotidien des Nord Coréens et la manière dont eux semblaient le percevoir.
Au moment où nous débutons le processus d’écriture du spectacle, nous voulons abandonner nos sentiments, nos pensées et nos réflexions aux clowns. Comme l’expliquait Didier Decoin lors de sa venue à Caen le 9 octobre dernier, « ce sont les personnages qui écrivent leurs histoires pas leur auteur ». Laissons donc aux clowns le soin de mener le récit de ces deux mythes.
Bienvenue en Corée du Nord est une expérimentation théâtrale, une tentative de mieux comprendre le monde contemporain, une volonté de faire état de nos doutes et de nos peurs. C’est un spectacle carte postale pour un pays hors du temps et de l’espace, un débat sur le réel.