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Au-delà du voile

mise en scène Agnès Renaud

: Présentation

En 1990, l’Algérie est un pays au bord du chaos, qui subit la montée des intégrismes, l’augmentation du chômage, le désœuvrement des jeunes.
Or quand les violences s’accroissent, quand l’intolérance se fait plus pressante et les regards plus oppressants, les femmes sont souvent les premières victimes.


A l’abri des regards masculins, protégées par les murs de leur maison, deux sœurs en conversation à cœur ouvert… La cadette, universitaire, refuse le port du hijab, s’opposant à la volonté de son frère. Refus symbolique au point de quitter la demeure familiale. L’aînée, femme au foyer, tente de la faire plier. Entre elles, beaucoup de révolte, de passion, d’incompréhension, mais aussi d’amour et de souffrances cachées.
Au-delà du regard porté sur l’Algérie, Slimane Benaïssa donne la parole à des femmes qui ne l’ont plus. Dans cet intérieur traditionnel algérien, territoire féminin par excellence, la parole, heurtée, se libère enfin, hors de tout pouvoir masculin.


A ces deux personnages de femmes, j’ai souhaité associer deux présences :
celle d’une troisième femme, la « Mère », à la fois conteuse et chanteuse, porteuse d’une sagesse millénaire, qui tente de recréer le lien entre les générations, Et celle d’un homme, musicien, qui derrière ses voiles devient le témoin muet et attentif du conflit cristallisé autour du frère, souvent cité, jamais présent.


La « Mère » apporte avec elle un univers de montagnes, de ruisseaux qui dévalent, de ciels limpides. A elle, l’extérieur, la liberté : liberté de paroles, liberté de mouvements. A elle la voix tendre ou puissante, mais aussi la partition ironique et vigilante : se faisant général, cheikh ou soufi, elle devient garante d'une parole libre. A elle et au musicien qui l’accompagne, un espace sans bornes derrière ces voiles qui jouent de leur transparence et se font miroir sans tain.
Aux soeurs un espace clos, devant les tulles qui se font mur. Un espace à la fois prison et refuge où la parole semble enfin possible. Mais les mots qui se fraient passage ne trouvent pas leur destinataire :
les soeurs échouent à se parler, à se répondre, comme deux visages d’une Algérie irréconciliable.
Jouant sur les courbes, l’entrelacs, les motifs, évocateurs de féminité, le décor de tulles et sa toile peinte au sol sépare autant qu’il rapproche ; il met en miroir ; les soeurs, face public, prennent à partie le spectateur qui devient celui par qui la parole transite. Il est, au final, l’arbitre de ce combat verbal et charnel.


Pour porter ce discours passionnant, ces choix de vie, il fallait des corps investis et vibrants. Les comédiennes-soeurs ont d’abord répété face à face, dans un combat articulé comme un match de boxe, avec esquives, attaques, contre-attaques, pauses et reprises. La parole, s’ancrant dans les corps, devenait vitale, essentielle. Restait alors à ce qu’elles se combattent face public, faisant du spectateur le réel interlocuteur de leurs confidences.

Agnès Renaud

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