Changement de cap avec Argument. Nous sommes ici confrontés à une joute, de celle qu’affectionne tout particulièrement le metteur en scène Pascal Rambert. On se souvient encore avec émotion de cette bataille grandiose qui opposait Stanislas Nordey à l’exceptionnelle Audrey Bonnet, Clôture de l’Amour, spectacle splendide sur la fin sacrificielle d’un amour. Ici, si les règles sont communes, leurs expressions changent du tout au tout....

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Louis et Annabelle sont face à face dans une lande, en 1871. La lande, on y est, pas de doute. Il y a, quelque part, les fantômes d’Heathcliff et du chien des Baskerville. Les corps de Marie-Sophie Ferdane et de Laurent Poitrenaux (pour qui a été écrit « Argument », créé en janvier 2016 au CDN d’Orléans) vacillent dans la nuit. Le crachin, les costumes d’époque, l’évocation victorienne, tout cela est très beau. On se laisse lentement digérer par...

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A travers l’affrontement du couple se joue ainsi la rupture entre deux mondes, entre le passé et l’avenir, entre l’univers de Thiers et celui des Communards. Ces deux comédiens hors pair que sont Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux se tirent avec brio de ce mano a mano fantasmagorique parfois obscur en raison d’une écriture rendant le propos d’une obscure clarté, inspirée d’une poésie symbolique un brin désuète....

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Une lande noire, battue par la pluie et le vent. Dans une lumière de fin de nuit, se déroule une scène de ménage fantastique... Une lande noire, battue par la pluie et le vent. Dans une lumière de fin de nuit, se déroule une scène de ménage fantastique entre un mari et sa femme fantôme. Louis est drapier, bourgeois réactionnaire, époux jaloux. Annabelle, romanesque et rebelle, est terrassée par la maladie et sa perte d’idéal. Ils ont quitté le...

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Terminé, le temps de la provoc à Avignon ! Le dramaturge monte des spectacles exigeants, qui s'adressent à tous. La preuve ? Ils voyagent dans le monde entier....

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Un homme se tient campé face à une femme, l’espace de la scène, cube noir au sol incliné, les sépare. Ils s’affrontent avec une violence que seul le mariage, lorsqu’il n’est plus que chaîne, suscite. Elle est pâle, la bouche très rouge, ses cheveux noirs séparés en bandeaux, une lourde robe de barège...

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On n’imaginait pas le très contemporain Pascal Rambert, concoctant ce face-à-face gothique entre un homme et une femme déchaînés, si nourri de Villiers de l’Isle-Adam et de Barbey d’Aurevilly. Et pourquoi pas d’Edgar Poe puisque la mort et le fantastique s’en mêlent aussi ?...

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La pièce de Pascal Rambert, créée au CDN d’Orléans, s’ouvre sur une scène dantesque: nous sommes au XIXième siècle, une femme menace de se suicider en se précipitant dans le vide d’une falaise, pour échapper à la jalousie délirante de son mari, drapier de son état. Ils ont fui Paris pour la province, car la Commune de Paris, ces 72 jours qui ensemencèrent la pensée révolutionnaire, terrorise le bourgeois mais ouvre un horizon de liberté à la...

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A chaque page, à chaque tableau, on meurt et puis on revient, on se porte des coups, on se rappelle ses serments, ses promesses ; on sort d’outre-tombe pour palpiter encore un peu et espérer s’envoler comme un papillon. On ne meurt jamais parce que l’on est au théâtre, et cette pièce devrait offrir sur scène non pas simplement le spectacle des passions, mais la passion elle-même avec tout son sang et toutes ses vapeurs… A suivre…...

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