: La Pièce
« Ad Vitam c’est avant tout le ponton d’un parcours serein et terrifiant fabriqué
de souvenirs qui déclenchent l’orage ; un orage aux pluriels aquarellés. Disons
que le grondement du tonnerre apporte un dialogue, que l’éclair illumine des
souvenirs en transmutation, et que le tonnerre en parle pour peut-être les achever
avant qu’ils ne deviennent de merveilleux mirages.
Disons que l’orage que l’on croyait lointain peu à peu approche, et arrivé à vos
pieds, les vertiges tiennent leur cour dans un cérémonial, presque dans une
célébration des noms et des prénoms.
Il y a aussi quelque chose d’une île déserte qui aime fureter en elle-même pour
survivre, faire déloger ce que la marée aurait aimé peut-être garder, pour qu’elle
soit plus violente, plus définitive.
Disons aussi que l’écho sans cesse en activité, par ses réminiscences, insiste sur
des obligeances à articuler des confessions, à raconter avec le soutien
respectueux de l’alphabet des survivances. Lettre par lettre, chemin faisant, pour
s’assurer la loyauté de la phrase, de la pensée, de l’imagination, peu à peu une
enquête se révèle. Et voilà que dans ce superbe aller-retour un entretien engendre
un dialogue, (presque peuplé d’énigmes policières désirant mettre en examen
l’écrivain qui, dans ses rêveries, voulait peut-être se défiler) avec des perspectives
historiques. Mais, n’étant sûr de rien, c’est aux dés que j’aimerais jouer avec des
voyelles, pour que, elles, ses voyeuses au long cours, viennent rivaliser (dans des
climats étroitement liés à la mémoire) avec un récit, avec une fiction.
Mais ici, dans ce récit, il ne faut surtout jamais vaincre la puissance des dons à
raconter. »
Jacques Bioulès
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