Texte de Jonas Hassen Khemri

Avec les acteurs de la promotion 2018 : Charlotte Avias, Iris Beaumier, Pauline Chabrol, Suzanne Dubois, Myriam Jarmache, Antoine Maitrias, Simon Peretti, Eléna Sandoz, Eliakim Sénégas-Lajus.

Lecture dirigée par Thomas Couppey

Photo - Christophe Raynaud de Lage

« J’appelle mes frères et je dis : il vient de se passer un truc complètement fou. Vous avez entendu?
Un homme. Une voiture. Deux explosions. En plein centre.
J’appelle mes frères et je dis: non personne n’a été
arrêté. Personne n’est suspecté. Pas encore.
J’appelle mes frères et je dis: préparez-vous.
Ca va commencer. »

« Je me demande un an après les attentats, cherchant à me rappeler : sur le coup de quoi j’ai eu peur ? Pour qui j’ai eu peur ?Je me rappelle de l’agitation nerveuse de la ville, des mouvements de foules, de la grande peine, du désir d’être entouré, du profond sentiment de solitude, de l’absence de famille.

Jonas Hassen Khemiri propose dans J’appelle mes frères de suivre l’errance hâtive d’Amor, suite à deux explosions dans le centre ville de Stockholm. Il est seul avec son téléphone, sa paranoïa, et sa culpabilité. A travers lui on peut comprendre comment des attentats peuvent et veulent exacerber la marginalisation d’une certaine population. Quand les médias véhiculent une image type du terroriste, l’auteur pose alors la question de celui qui ressemble à cette image. Sommes-nous tout à coup dépossédés de nos signes d’identification ? Et au-dessous de cette figure sociale, on suit aussi la course d’un être confronté à sa solitude dans une ville en ébullition, à son incapacité d’agir et s’inquiéter et à la brusque fin de son insouciance. Cette pièce, écrite comme un roman, cherche à témoigner de ce basculement d’un état de crise sociétale à l’égarement et l’asphyxie mentale d’un individu. »

Thomas Couppey