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Conférence "Figures d'humanité" Jean-Pierre Siméon

sam. 12/11/11 : 16:00 à Paris - Maison de la Poésie

Les conférences « Figures d’humanité » entament leur troisième saison.

Le déclencheur de ce cycle est le dialogue, à près d’un siècle d’intervalle, de deux philosophes à propos de la question de l’humanité. Le 18 avril 1904, dans l’éditorial fondateur du journal qui porte ce nom, Jean Jaurès écrit : « L’humanité n’existe point encore ou elle existe à peine.» Le 4 mars 1999, dans les colonnes du même titre, Jacques Derrida commente ainsi cette formule : « Magnifique ! Intolérable ! Une telle audace doit éveiller chez certains des pulsions meurtrières… Ils ne supporteraient pas de voir mettre en question tremblée ce qu’ils CROIENT SAVOIR. » Et d’ajouter, s’interrogeant sur le but de Jaurès : « On n’est pas encore en mesure de déterminer la figure même de l’humanité que pourtant on annonce et se promet ainsi. »

A propos de cette figure d’humanité, il s’agit donc de proposer à des philosophes, des poètes, des penseurs de divers ordres, de s’interroger sur cet indéterminé et cette promesse, à la lumière de la réflexion qu’ils poursuivent dans leurs domaines respectifs.

Invité : Jean-Pierre Siméon

« La poésie serait-elle avant tout un devoir de lucidité ?

Le fait que la poésie convoque à cette lucidité sans compromis, impérieuse, violente, implique un certain nombre de choses, notamment la conscience que c'est le dénominateur commun de l'humain et que, par conséquent, il y a une fraternité, qui n'est pas décidée par une constitution, mais qui est objective, éprouvée. Une fois que l'on a la conscience de la fraternité, on a la conscience de ce que cela implique, et forcément, on peut en faire découler une morale, une éthique et interroger les grandes notions philosophiques que sont le je et l'altérité. L'émotion artistique amène forcément à ces questions : les limites entre je et l'autre, la contigüité, la contagion. On voit très bien comment se forge une éthique : la poésie étant « un accélérateur de la conscience », comme dit Roberto Juarroz, elle contraint cette conscience à se déterminer, à mesurer l'humain, l'humain ramené à son rythme essentiel, pour paraphraser la formule de Mallarmé sur la poésie. On mesure là l'humain, c'est-à-dire son abîme et son extension possible. C'est la source de tout engagement, parce que cette prise en compte de l'humain, c'est elle que l'on retrouve en lisant Primo Levi, Artaud ou devant un tableau de Van Gogh. C'est quand on a cette mesure de l'humain en tête, non pas comme une réponse mais comme une problématique – Jusqu'où va l'homme ? Jusqu'où va l'abîme de l'homme ? Jusqu'où l'autre est-il moi ? -, que l'on pose les questions fondatrices de la vie d'une communauté humaine, dont découlent toutes les autres questions, y compris les questions politiques de la relation à l'autre... »

Tarif de 5 euros

Calendrier

Le 12/11/2011 16:00
Paris Maison de la Poésie