Et moi? Qu'est-ce que je vais faire de ce vieux grand corps ? Quel Orphée fera vibrer cette grande vieille harpe ? Ces mains, si grandes, n'ont-elles pas été faites pour être projetées vers la fosse avec l'ampleur de l'envol ? Je suis descendu des cimes avec une aigrette de feu sur le front, ce n'est pas ma faute si soudainement, par la seule présence de cet espace limité, de cette foule muette, la flamme brille soudain à travers l'oubli et le dégoût. C'est si simple, je viens du lointain, j'avance vers la fosse, mais je ne suis pas de ceux qui ont peur de leur héritage, les morts murmurent encore, dans le cliquetis de mon armure. Que disent-ils ? J'ai vécu. Rien d'autre, et moi qui suis mort aussi, mort pour le monde, mort à ma propre histoire, et vivant seulement dans l'exercice de mon art, je peux dire cela, j'ai vécu ! Qui oserait encore crier cela, et laisser poindre les larmes miséricordieuses ? Moi, l'acteur trop grand pour un drame devenu trop petit. Moi, le bûcher trop brillant pour une image de l'homme trop terne.