Colloque "À la rencontre des écritures théâtrales contemporaines" dans le cadre du projet européen transfrontalier "Territoires en écritures".
Transmettre le théâtre contemporain : l’expression peut sembler antithétique, voire, à certains égards, peu pertinente. Implicitement, il y a derrière ce mot l’idée d’un patrimoine à transmettre, voire à défendre. Mais, tautologie absolue, puisqu’il est contemporain, le théâtre a-t-il besoin de transmission ? Les manuels scolaires les plus hardis vont jusqu’à Bernard-Marie Koltès ; Sartre, Camus, Ionesco et Beckett y figurent parfois et signent une modernité qui s’arrête aux années cinquante ! Mais quid des auteurs de théâtre contemporains ? Quelles sont les raisons de cette frilosité ? D’abord la crainte de se confronter à des textes et à des auteurs dont on ignore tout et qu’il faudrait étudier, mais le temps est compté avec des élèves. De plus, les reproches pleuvent : thématiques trop transgressives (celles du corps dans tous ses états, celle de la famille qui se décompose, par exemple), langage trop cru, dialogues qui se perdent dans une logorrhée qui fait perdre le sens, personnages inconsistants, intrigue absente... Pour surmonter ces clichés et ces craintes, il faut aux professeurs, aux respon- sables des publics scolaires une volonté farouche pour donner à lire, à voir, à entendre le théâtre contemporain, le faire vivre pour et avec un public de son temps. Pourtant, le théâtre contemporain doit être au cœur de nos pratiques si l’on veut comprendre le monde atomisé et complexe qui nous entoure.