Que transmettons-nous à nos enfants ? Que devrions-nous leur transmettre ? Quelles valeurs ? Quels chemins leur désigner pour qu’ils les suivent ? Autant de questions qui se posent à la lecture de Goya et qui dessinent une problématique que je souhaite inscrire dans ma mise en scène, à travers la figure du déplacement : d’un individu vers un autre, d’une situation vers une autre, d’un espace vers un espace différent. Ce déplacement se retrouve dans la forme même du spectacle : à travers la déambulation dans l’espace urbain, qui permet de multiplier les points de vue sur le monde et rendre ainsi palpables les difficultés que nous rencontrons à répondre aux questions posées plus haut, les impasses vers lesquelles elles nous mènent, ou encore la pluralité des réponses possibles.
Goya invite textuellement à la déambulation à travers la ville : elle a bel et bien lieu (à moins que tout le texte ne soit que le fruit d’une imagination fertile et débordante) lorsque le narrateur fait monter ses enfants et le philosophe Peter Sloterdijk dans un taxi pour une visite de Madrid et de ses monuments. Je voudrais que le spectateur soit comme le philosophe de cette histoire, embarqué un peu malgré lui dans une aventure dont il perçoit les contours mais dont il ne peut en aucune façon prévoir les détails. Qu’il vive l’expérience du déplacement. Qu’il soit touriste dans sa propre ville.