« Le soir de son départ, dans un bar, vous racontez l’histoire. D’abord, vous la racontez comme s’il était possible de le faire. Ensuite, vous la racontez en riant comme s’il était impossible qu’elle ait eu lieu ou comme s’il était possible que vous l’ayez inventée.  »

Une réalisatrice prépare un film avec une actrice et un acteur. Il y est question d’un homme qui a loué les services d’une femme pour « essayer ça, essayer l’amour ». Ils ne quittent pas la chambre pendant plusieurs jours. Dehors, il y a la mer. Dans un deuxième temps, nous sommes dans le film. Comme un gant qui se retourne, la représentation fait apparaître la « chambre noire » de l’écriture, qui se révèle être celle de la caméra. Car telle est la démarche de Christian Lapointe : manipuler notre regard, passant dans la même représentation, de la littérature à l’image, de l’image à la sensation. Le jeune metteur en scène québécois place le public au centre d’un fascinant récit, porté par trois acteurs d’exception… avec en fond sonore le rugissement de la mer qui ne cesse d’exacerber leur déchirante détresse sexuelle, magnifiée par leur impossible amour.