theatre-contemporain.net artcena.fr

Couverture de Zone à étendre

Zone à étendre

de Mariette Navarro


Zone à étendre : Personnages

Didascalie initiale

  • « Ce seraient peut-être entre 5 et 10 personnes qui marchent, des femmes et des hommes. 7, bien sûr, serait le chiffre magique, dans une forêt. Dans la seconde partie, ce sont les mêmes, plus quelques autres.
  • Les sauts de ligne signalent un changement de locuteur. Quant à la notion de personnage, oui, il y en a peut-être des bribes, de quoi recomposer quelques bonhommes. Mais on peut se contenter d’écouter des chuchotements entre les feuilles. » (p.12)

• Listez puis catégorisez les informations contenues dans la didascalie initiale.
• En quoi cette didascalie initiale rend-elle problématique la notion de personnage ?

Julie Sermon, dans l’article Le personnage contemporain et ses états ... (de paroles), écrit :

  • « Ce brouillage des repères a priori renvoie évidemment au refus d’une distribution classique (un acteur pour un personnage, avec un souci de de mise en conformité des « emplois »   et des « rôles » ). Mais cette tendance revendiquée de personnages est surtout symptomatique du parti pris des écritures contemporaines : proposer avant tout un théâtre de voix, de silhouettes, qui se profilent, apparaissent et disparaissent selon les mouvements du texte et dont l’existence se réduit en somme à un temps limité d’énonciation. » - Pratiques n°119/120, Décembre 2003
• A partir de cette citation, commentez la dernière phrase : « Mais on peut se contenter d’écouter des chuchotements entre les feuilles ».
• Sur quel élément typographique devra-t-on prendre appui pour distribuer la parole, savoir qui en a l’initiative, qui la prend, qui la garde, comment elle circule ?
• Par groupe, choisissez un extrait et appliquez l’indication de l’autrice.

Un collectif


Dans l’avant-propos, Claire Lasne Darcueil écrit :

  • « Mariette Navarro ausculte un "nous"  proche de celui que Maurice Blanchot a nommé dans La communauté inavouable. Un «  nous » qui ne saurait s’affirmer et s’affirme pourtant (...) » (p.7)

A l’aide des bribes textuelles suivantes, tentez de caractériser « ce nous » , ce collectif (composition, identité, sociologie ...) :

  • « Il me semble que nous ne sommes pas une foule mais quelques -uns »  p.19
  • « Tu sais ici on refuse de se donner un seul rôle, une seule histoire, un seul prénom. Ici on s’appelle tous pareil. Un nom d’arbre, de fleur, ou de mauvaise herbe. »   p.53
  • « Nous avons mis, ici, tous nos noms dans un grand sac. Un nom d’arbre pour chacun. Chacun connaît son arbre. »   p.115
  • « Il y a ceux qui connaissent et les nouveaux : Moi, je vais suivre ceux qui savent déjà, ceux qui connaissent. »   p.30
  • « Je ne pensais pas qu’on pouvait venir avec ses enfants... Une affaire d’hommes. / Pardon mais vous êtes... il y a beaucoup de femmes, non ? »  p.97
  • «  On a trois chirurgiennes parmi nous »   p.100
  • « Moi je suis architecte. Je me suis occupée de la construction de tous les espaces communs, de les rendre pratiques et agréables, et autonomes en énergie. Je compte le nombre de personnes présentes dans la zone. Je réfléchis aux stratégies pour se déployer. »   p.105
• Comment s’expriment les solidarités au sein de ce collectif ? Relevez quelques exemples significatifs.
• Quel mode de vie et quelle organisation politique défend-il ?
• A contrario, relevez des exemples de tensions et expliquez quelles en sont les sources.
• Comment ce collectif est-il perçu par la société d’une part, les autorités d’autre part ? A quels risques s’expose le groupe ? étayez votre réponse en prenant appui sur la scène 39.

Des individus


• Explorez les bribes textuelles suivantes et tentez de recomposer les « quelques bonhommes » évoqués par l’autrice :
  • « Il y a des bruits de pas, des déplacements dans la terre humide. Et puis une voix, qui donne des explications, à quelques mètres de là. »   p.16
  • « Il y avait cette voix qui parlait de filets, pour rattraper tous ceux qui tombent, tomberont. Pour préparer en douceur la transition dont nous aurons besoin. Quand quelque chose, quoi que nous fassions, ne pourra plus continuer comme ça. Je me suis réveillée avec ces mots-là dans l’oreille ». /« La voix que j’entendais c’était toi, n’est-ce pas ? C’était toi? »  p.77
  • « J’en rêvais des journées entières les yeux ouverts sur mon ordinateur. Ce n’était qu’un goût esthétique, auquel répondait le choix d’un fond d’écran. Ce n’était qu’une envie de vacances. Je ne pouvais pas abandonner mes responsabilités pour aller cueillir des groseilles. Qui plus est, j’habitais une ville très bien où l’on trouvait partout des substituts de nature sous forme de magasins bio. Je touchais pour ma présence un salaire et une certaine reconnaissance. Je n’avais jamais à me plaindre. Je ne pouvais pas déserter. »   pp.32-33
  • « J’acceptais tous les compromis. Je faisais tout ce qu’on voulait, si c’était plus commode, si ça me permettait d’ éviter les reproches. J’avais l’intelligence de comprendre très vite les règles. Je pouvais même les expliquer aux autres, justifier tous les principes de contrôle, de prudence, de sécurité. »   p. 39
  • « J’ai vu les rassemblements sur les places. J’ai vu les premiers départs vers la forêt. La façon dont quelque chose basculait avec le plus grand calme. Chapeau, d’ailleurs, pour le calme. Pas évident quand on nous prend à ce point- là pour des idiots ou des esclaves. J’ai bien vu comme en face ils perdaient leurs moyens. Plus personne à diriger. J’ai trouvé cette idée géniale, moi qui n’ai pas beaucoup d’idées. Ne pas casser la machine, mais la laisser tourner vide. Quitter le jeu. Bien vu. Un peuple entier qui glisse entre les doigts, qui se fond dans une forêt. Un peuple entier qui tourne le dos. J’ai eu envie d’être quelqu’un de ce peuple. »  p.42
  • «  Chez moi, quand le soleil sortait, je montais tout en haut de mon immeuble, par la petite passerelle des pompiers je montais là où il est interdit d’aller et je m’installais au sommet.
  • Sur le toit. Une vie d’antennes, de béton et de coups de soleil. (...) Ce qui m’étonne maintenant c’est que personne ne me cherchait. Peut-être que mes parents pensaient que j’avais déménagé. Que mes amis pensaient que j’avais changé de ville. »   pp. 62-63
  • « Mais pour moi tout  a n’est pas un jeu. J’ai laissé des choses derrière moi, j’ai quitté ma maison. On voit bien qu’il n’a pas été obligé de faire ses valises, de laisser un mot sur la table. »   p.46
  • « Je vous ai suivis parce que ma vie sans travail n’était plus tenable »  p. 65
  • « A chaque fois que je parle on me dit que je ne dois rien dire si je ne sais pas / Si je ne suis pas une spécialiste / Qu’on ne peut pas parler trop vite/ Qu’on ne peut pas tout remettre en question / Que c’est faire le jeu des haineux / Ou que c’est faire le jeu des violents (...) »   pp.73-74
• Quelles informations biographiques contiennent ces fragments : leur situation familiale et professionnelle, le parcours les ayant conduits   cette marche vers un ailleurs ?
• Quel est le seul personnage clairement identifiable ? Comment est-il désigné ? Quelle(s)connotation(s) y associez-vous ?
• Que révèle la façon de parler des personnages (émotions, sentiments, valeurs) ?
• Qu’ont-ils en commun ? Quel idéal politique les a réunis ?
• Pourquoi selon vous, Claire Lasne Darcueil voit en ces personnages des « gens qui doutent » comme dans la chanson d’Anne Sylvestre. Pour étayer votre réponse, lisez/écoutez les paroles de la compositrice-interprète.
• Dans « Explorer ce que « nous » veut dire », entretien qu’elle a donné à Sylvain Diaz, le 19 mai 2011 pour la revue Agon, Mariette Navarro dit à propos de Nous les vagues :
  • « C’est un texte sur le fantasme de l’action collective. Mais j’ai eu assez vite besoin qu’il y ait des individus qui naissent de la foule, parce que je pouvais écrire la première partie autour de ce collectif, mais je ne pouvais pas aller beaucoup plus loin dans une foule abstraite. Ce qui m’intéresse, c’est quand même de parler des individus, des contradictions, des rapports qu’ils peuvent avoir entre eux. J’ai donc « zoomé » dans la foule et j’ai détaché des figures. Pour moi, il y a une histoire qui se raconte, qui est celle d’un groupe d’activistes ».

Expliquez en quoi cette intention peut s’appliquer Zone à étendre.


imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.