Jean-Charles Massera écrit sur notre époque, comme beaucoup, comme tout le monde! Mais sa manière bien à lui de capter l’air du temps ne consiste pas à apporter sa touche critique ou pamphlétaire. Plus portraitiste que polémiste donc, il peint notre temps en confrontant les discours préfabriqués — journalistiques, publicitaires, politiques, économiques, tous hyper-spécialisés — à la situation hyper-locale de leurs destinataires. Il démonte férocement, violemment parfois, les mythologies contemporaines et les dispositifs d’aliénation qui les accompagnent avec une question : « comment font les gens avec tout ça ? » Il guette avec drôlerie les signes de résistance qui se terrent parfois dans des gestes simples, dans l’ordinaire des existences. We are l’Europe est ainsi une tentative de compréhension — allergique à toute dimension tragique — de nos vies en désordre. Le spectacle sera construit autour des conversations de personnages certes dépassés par les événements, mais qui refusent d’être les victimes d’un système écrasant et n’ont de cesse de méditer sur les conditions de leur existence, de les maudire, de les louer, d’imaginer comment les changer : Vladimir et Estragon perdus dans la société postindustrielle…