Adapter pour la scène les textes de Pierre Desproges n’est pas chose aisée, mais ce sera chose faite puisqu’à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort, Hélène Desproges, sa veuve a souhaité confier à de jeunes artistes la création d’un spectacle en évitant bien sûr tout aspect commémoratif. C’est donc Julia Vidit, jeune metteur en scène, et Emmanuel Matte dans le rôle d’un Desproges-Misanthrope, qui se sont attelés à la tâche : rendre hommage à un homme qu’ils n’ont pas connu de leur vivant, humoriste à la plume vitriolée mais au grand cœur carnassier. Comment faire pour garder cette verve acide de l’auteur de Chronique de la haine ordinaire ou encore de l’impitoyable procureur du Tribunal des flagrants délires ? C’est donc sous l’aspect d’un homme d’âge mûr qui se sent vieillir et qui peste à la manière d’un Misanthrope que Julia Vidit a choisi d’explorer certains textes de l’auteur. Alors commence le monologue d’un homme qui sent l’approche de la mort. La légende voudrait même qu’il ait tourné sa propre mort en dérision en rédigeant lui même la dépêche suivante : Pierre Desproges est mort d’un cancer. étonnant non ? Auparavant, il aurait laissé tomber de son assiette un crabe qu’il dégustait dans un restaurant en déclarant “un, partout”... étonnant non ?