Ils chantent, ils racontent leurs vies, leurs familles, ils évoquent leur pays, son passé de dictatures, son destin chahuté. Ils sont sept jeunes comédiens réunis au plateau par Lola Arias, qui y convoque avec eux, entre fiction et réalité, les fantômes d’une mémoire argentine abîmée mais traversée de rages et de rires. C’est l’Argentine du chaos qui est évoquée, celle des coups d’État, de la sombre période des dictatures militaires, qui provoquèrent la mort et la disparition de milliers de victimes. Pour partager cette mémoire sinistrée, Lola Arias s’entoure de « vrais » comédiens, tous nés au cours de ces lugubres années. Aux frontières troubles du souvenir et de la réalité, chacun s’interroge : que faisaient alors mes parents ? Qui étaient-ils ? Les éléments de réponse se trouvent dans les souvenirs des comédiens eux-mêmes, qui convoquent leur propre histoire : objets, textes, photographies, enregistrements, vidéos, lettres… chacun tente ainsi de reconstituer des épisodes de la jeunesse parentale et témoigne, par fragments, de l’héritage familial. Sur les traces du temps des pères, les fils d’aujourd’hui cherchent la vérité, dans un délire aussi furieux que désespéré. Ils sont sept sur cette scène jonchée de vêtements, comme autant de débris de ces vies fracassées par l’Histoire.