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Les Entretiens de Yalta

de Oriza Hirata

Texte original : Yalta Kaidan traduit par Yutaka Makino


Les Entretiens de Yalta : Extraits

Staline
Churchill
Roosevelt


S. C’est pas rien pour monsieur Roosevelt aussi.
C. Ca devient grave, tous les médicaments qu’il prend.
S. Aah, c’est bien parce qu’il est capitaliste.
C. Non non, ça n’a rien à voir avec le capitalisme, c’est parce qu’il est malade.
S. Vive le pouvoir au prolétariat !
Les travailleurs n’attrapent pas la grippe !
C. Oui oui oui. ...
C. Quand même, jusqu’à quand ils comptent faire la guerre, ces Allemands.
S. On se le demande.
C. On peut vraiment pas l’assassiner ?
S. Hitler ?
C. Oui, Hitler.
S. Tu as beau dire ça, on ne sait même pas où il est.
C. Aah, c’est vrai.
S. En tout cas je vais y aller pour voir, à Berlin.
C. Oui... Ah, ah, ah, ça se passe comment au fait, pour les juifs ?
S. Aah, c’est moche.
C. C’est bien ce que je pensais.
S. Tu sais, le mois dernier on a libéré un endroit qui s’appelle Auschwitz.
C. Je sais, je sais.
S. C’était moche là-bas, vraiment.
C. Si moche que ça ?
S. C’est pas des choses qu’un être humain peut faire, ça.
C. Si c’est toi qui le dis, ça doit être vraiment incroyable alors.
S. Qu’est-ce que tu veux dire par là, non mais ?
C. Rien rien.
S. Arrête de dire des choses pareils, s’il te plaît.
C. Excuse, excuse, et alors, il y avait combien de morts à peu près ?
S. J’en sais rien.
C. Hein ?
S. J’en sais rien.
C. Comment ça, t’en sais rien ?
S. J’en sais rien, plus d’un million il paraît.
C. Non...
S. Certains disent même plus de cinq millions.
C. C’est fou.


Roosevelt revient côté cour.


(...)


R. Qu’est-ce qu’on fait, s’il nous pique l’Allemagne et la Corée.
C. Ils vont vouloir prendre la Chine aussi, ces types là.
R. Ben ouais
C. Il y a pas de ben ouais, non mais.
R. Oui.
C. Ca n’a pas l’air de trop te stresser hein.
R. Mais si si si.
C. ...Au fait, j’en ai entendu que des rumeurs, mais il paraît que t’as fabriqué une super bombe ?
R. Hein ?
C. Comment ça hein, on est des alliés voyons, des alliés, on fait la guerre ensemble n’est-ce pas.
R. Quoi, une bombe ?
C. Je vois que tu fais l’innocent.
R. Mais voyons je fais pas l’innocent.
C. J’en ai entendu parler, il paraît que ça peut rayer de la carte une ville comme Edimbourg n’est-ce pas.
R. Ca alors.
C. Allez c’est bon, avoue.
R. Bon.
C. Oui oui.
R. Bon, moi, j’ai réfléchis mais, c’est arrivé que le Japon gagne contre la Russie n’est-ce pas, il y a longtemps.
C. Hein, quoi ?
R. Enfin, la guerre russo-japonaise.
C. Hm, eh, quoi, de quoi tu parles brusquement ?
R. Ils ont bien gagnés n’est-ce pas.
C. Aah, eh, mais, ça, ont-ils vraiment gagné cette guerre.
R. Non mais, bah, eux ils pensent que oui.
C. Oui.
R. Et donc, comme ils ont gagnés, d’après moi ça leur ait monté à la tête après.
C. Oui, peut-être, il doit y avoir un peu de ça.
R. Ben ouais.
C. Quoi, et l’histoire de la bombe alors.


(...)


C. Bon, alors, c’est pour un peu plus tard le Japon n’est-ce pas.
S. Oui oui.
C. D’abord, il faut nettoyer l’Allemagne.
R. Je compte sur vous.
S. Oui oui, laisse nous faire.
C. Alors, on se revoit encore une fois ?
S. Faudra bien oui.
C. Bon, on se revoit quelque part, quand on aura occupé l’Allemagne.
R. Aah, d’accord, d’accord.
C. Super, c’est décidé, alors on s’arrête là pour aujourd’hui.
S. Aah, c’est bien, c’est bien.
R. Au fait, on en parlera à ce moment là, de comment on va se partager le Japon.
S. Oui oui, Hokkaido c’est pour moi.
C. Justement on en parlera plus tard.
S. Je sais.
R. Bon, sur ce.
S. Portez vous bien.
C. Porte toi bien
R. Porte toi bien (ils échangent des poignées de mains)
C. (en se serrant la main) Au fait, je parle au conditionnel mais, si jamais, cette nouvelle bombe dont on parlais tout à l’heure existait.
R. Puisque je te dis que ça n’existe pas.
C. Non non, je dis bien si jamais.
R. Il y a pas de si jamais qui tienne voyons.
C. Non je parle en général, si jamais on avait ça, toi tu l’utiliserais ?
R. Alors ça, je sais pas.
S. Et alors, hein, combien de personnes mourraient d’un coup ?
C. Alors, t’as une idée ?
R. J’en sais rien, moi.
C. Bah, cent milles personnes environ peut-être.
S. Ouaouh.
C. Tu vas l’utiliser ?
S. On a bien envie, puisque c’est du nouveau matériel hein.
R. Bah ça dépendra du nombre de soldats américains qui mourront quand le conflit sera sur terre. On a plus trop envie de sacrifier des vies.


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