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Couverture de Les Caprices de Marianne

Les Caprices de Marianne

de Alfred De Musset


Les Caprices de Marianne : Les Caprices de Marianne - Acte I, scène 1

Une rue devant la maison de Claudio

MARIANNE, sort de chez elle, un livre de messe à la main CIUTA, une vieille femme, l'aborde.
CIUTA. – Ma belle dame, puis-je vous dire un mot ?
MARIANNE. – Que me voulez-vous ?
CIUTA. – Un jeune homme de cette ville est éperdument amoureux de vous ; depuis un mois entier, il cherche vainement l'occasion de vous l'apprendre. Son nom est Cœlio; il est d'une noble famille et d'une figure distinguée.
MARIANNE. – En voilà assez. Dites à celui qui vous envoie qu'il perd son temps et sa peine, et que, s'il a l'audace de me faire entendre une seconde fois un pareil langage, j'en instruirai mon mari.
Elle sort..
CŒLIO, entrant – Eh bien ! Ciuta, qu'a-t-elle dit ?
CIUTA. – Plus dévote1 et plus orgueilleuse que jamais. Elle instruira son mari, dit-elle, si on la poursuit plus longtemps.
CŒLIO. – Ah ! malheureux que je suis, je n'ai plus qu'à mourir. Ah ! la plus cruelle de toutes les femmes ! Et que me conseilles-tu, Ciuta ? Quelle ressource puis-je encore trouver ?
CIUTA. – Je vous conseille d'abord de sortir d'ici, car voici son mari qui la suit.
Ils sortent. Entrent Claudio et Tibia.
CLAUDIO. – Es-tu mon fidèle serviteur ? Mon valet de chambre dévoué ? Apprends que j'ai à me venger d'un outrage.
TIBIA. – Vous, Monsieur !
CLAUDIO. – Moi-même, puisque ces impudentes guitares ne cessent de murmurer sous les fenêtres de ma femme. Mais, patience ! tout n'est pas fini. Ecoute un peu de ce côté-ci : voilà du monde qui pourrait nous entendre. Tu m'iras chercher ce soir le spadassin2 que je t'ai dit.
TIBIA. – Pour quoi faire ?
CLAUDIO. – Je crois que Marianne a des amants.
TIBIA. – Vous croyez, Monsieur ?
CLAUDIO. – Oui; il y a autour de ma maison une odeur d'amants; personne ne passe naturellement devant ma porte; il y pleut des guitares et des entremetteuses.
TIBIA. – Est-ce que vous pouvez empêcher qu'on donne des sérénades à votre femme ?
CLAUDIO. – Non, mais je puis poster un homme derrière la poterne et me débarrasser du premier qui entrera.


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