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La Terre se révolte : Note d'intention par Guillaume Clayssen

L'invitation de Sara et d'Omar à participer à l'écriture de La Terre se révolte, ne m'a jamais fait oublier qu'à l'origine de cette aventure poétique, il y a leur face à face: deux solitudes, à la fois éloignées et proches l'une de l'autre, qui sont en train de composer le chant de leur rencontre.


L'arrivée de cet écrivain tiers que j'étais, ne devait donc en aucun cas s'incarner comme une troisième voix. Dans cette drôle d'histoire, je me percevais moi-même, de manière un peu shakespearienne, comme un spectre bienveillant et convivial - c'est la moindre des choses quand on est invité à participer à un si beau projet! - ayant pour mission d'écouter deux âmes qui cherchent à se parler à travers leur imaginaire, deux âmes qui désirent écrire - oui appelons cela ainsi -une pièce de théâtre.


Car, finalement, La Terre se révolte tourne autour d'une question très simple dont la réponse ne peut être qu'empirique : comment deux personnes qui n'ont en commun ni la même culture, ni le même sexe biologique, ni le même statut social, parviennent-elles à se parler vraiment, à "faire conversation" ?


C'est cette passion de la conversation qui fut le point de départ de toute la dramaturgie de la pièce. Nous avons d'ailleurs été nourris par de nombreuses voix contemporaines. L'écriture du texte a baigné dans une écoute continue de témoignages radiophoniques : intellectuel.les, poètes, scientifiques venu.e.s de partout. Quelques éclats de cet océan de voix apparaissent dans la pièce et font entendre que ce dialogue entre Omar et Andréa en provient. Ces deux personnes se parlent mais sont aussi "racontées" par cette polyphonie de pensées et de rêves.


C'est ainsi que dans l'écriture singulière de cette conversation théâtrale, ont pu se loger assez naturellement, au fil du travail, les zones d'ombre et de lumière, les inquiétudes profondes mais incontournables de nos temps présents : la guerre, le terrorisme, le racisme, l'amour, le désir, le désespoir mais aussi l'espérance politiques. A partir de là, de la légèreté presque naturelle de ce dialogue, d'autres formes de théâtre ont pu jaillir, d'autres modes d'expression se sont proposés à notre inspiration. Convoquer des zones de parole radicalement différentes, des anachronismes inventés de toutes pièces, des ponts aériens entre Orient et Occident, entre monde d'hier et monde d'aujourd'hui, nous semblait le chemin le plus vivant et le plus concret pour essayer de faire surgir, sans moralisme ni surplomb, ce que notre époque nous fait au fond de nous-mêmes, ce qu'elle nous donne à penser et à imaginer. Les différents espaces dramaturgiques ainsi ouverts par ce processus d'écriture très libre, rendent désormais possible la concrétisation d'un théâtre où plus que jamais le corps de l'acteur.trice va pouvoir trouver sa liberté, sa poétique et son humour.


Dans quels temps vivons-nous ? La Terre se révolte porte les fruits d'une telle interrogation, la nôtre plus que jamais.


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