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Couverture de La Grande ourse

La Grande ourse

de Penda Diouf


La Grande ourse : EXtrait 1 - Pages 27 à 31

Avec l'aimable autorisation des Éditions Quarttet dans le cadre du Prix Sony Labou Tansi

LE PERE : Monsieur ? En quoi on peut vous aider ?


LE POLICIER : Bonjour, excusez-moi de vous déranger si tard. J’aurais une question à vous poser. J’aimerais savoir si vous reconnaissez ce papier de bonbon ?


LA MERE : Quoi ? Non.


LE POLICIER : Regardez bien madame. Ne soyez pas si pressée de répondre. Vous pouvez le prendre dans vos mains. Allez y, regardez le.
Il lui donne le papier.
Alors ?


LA MERE : C’est une blague ? Je ne vois pas du tout où vous voulez en venir.


LE FILS : Si ! C’est le bonbon qu’on a mangé tout à l’heure.


LE POLICIER : Ah, votre fils semble avoir une bien meilleure mémoire que vous.


LE PERE : Mais... Je ne comprends rien. Qu’est ce qu’il a de spécial le bonbon ?


LE POLICIER : Monsieur, je vous demanderais de vous taire. Donc madame, vous reconnaissez bien avoir mangé ce bonbon ?


LA MERE : Oui c’est possible, oui, peut-être.


LE POLICIER : Pourquoi ne pas avoir mis le papier à la poubelle dans ce cas ?


LA MERE : Comment ça ?


LE POLICIER :Ce papier a été trouvé sous un banc, à 200 mètres de l’école où est scolarisé votre fils.


LA MERE : Et ?


LE POLICIER : A vous de m’expliquer… Je suis tout ouïe.


LA MERE : Y a absolument rien à expliquer. Mon fils avait deux bonbons. Il en mange un et j’en mange un aussi. On passe un petit moment sur le banc, tous les deux. Il a dû le jeter par terre sans faire attention, ça arrive. Voilà. D’ailleurs je vais le mettre à la poubelle tiens.


LE POLICIER : Tututut. Non madame. Ceci est une pièce à conviction. Veuillez me rendre ce papier.


LA MERE : C’est absolument grotesque. Chéri, tu feras attention la prochaine fois. Les policiers n’ont rien à faire. Alors ils viennent sonner chez toi à 19h à cause d’un papier qui n’est pas à la poubelle. Et tout le monde est embarrassé, le policier, nous…


LE FILS : Mais non maman, c’est pas moi.


LA MERE : Sévèrement.
Bon ça suffit maintenant. Tu as fait une bêtise, c’est pas grave. Ca arrive.
 %Maintenant, on va laisser monsieur le policier rentrer chez lui car il a certainement une famille qui l’attend aussi pour faire des crêpes.


LE FILS : Non maman, c’est pas moi. Mon papier il est dans ma poche. C’est pas moi qui l’ai fait tomber.
Il sort le papier de sa poche.


LA MERE : Oui, peu importe. Peut-être que c’est moi, ça arrive…


LE POLICIER : L’affaire est plus grave que ce que je pensais. Donc, vous ne reconnaissez pas les faits.


LA MERE : Merde, non ! Je ne reconnais rien du tout. Il est 19h. Mon fils attend pour prendre son bain et manger des putains de crêpes, son repas préféré. On se faisait une fête à l’idée de les manger, en famille et de célébrer le nouveau travail de poulet de mon mari. Et vous, vous venez nous faire chier pour un papier qui est tombé. Je ne reconnais rien du tout. Je n’ai rien fait de mal.


LE POLICIER : Ce n’est pas à vous de décider ce qui est bien ou pas. Il y a des lois pour ça. Vous allez devenir policier Monsieur ?


LE PERE : Non... Juste une animation pour un resto.


LE POLICIER : Donc ce papier ?


LE PERE : Monsieur. Il semblerait que le papier n’ait pas été jeté à la poubelle mais la coupable a été démasquée. Je pense qu’on peut s’arrêter là, non ?


LE POLICIER : Notant sur un procès verbal.
Madame, non seulement vous avez jeté un papier par terre alors que c’est interdit par la loi. Mais vous n’avez pas reconnu les faits et avez accusé votre fils. Malheureusement pour vous, vous avez été filmée.


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