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La Cantatrice chauve

de Eugène Ionesco


La Cantatrice chauve : Une pièce déroutante pour un lecteur ou spectateur

Extrait du dossier Pièce (dé)montée rédigée à l'occasion de la mise en scène de Jean-Luc Lagarce. Voir le sommaire

Une fois le livre en main, et avant même la lec- ture de l'œuvre, une pièce telle celle qui nous occupe ici a de quoi dérouter un jeune lecteur et futur spectateur dès la première approche, par son titre. Qu'est-ce que cette histoire de canta- trice chauve ? On s'attend à des sourires, des rires, qui doivent nous conduire à questionner les élèves sur le genre théâtral auquel, selon eux, qui doivent être habitués à séparer, distin- guer comique et tragique au théâtre, appartient la pièce. Le caractère incongru de ce titre doit conduire la classe, on s'en doute, à pencher du côté du comique. C'est, leur dira-t-on, une pre- mière piste, sans doute bonne, mais point suffi- sante, pour le moment.


Le lien entre le titre et la pièce


Demander aux élèves de donner, à l'oral, les titres de pièces, comiques ou tragiques, qu'ils connaissent et les faire s'interroger sur le lien qui existe entre ce titre et la pièce elle-même.


Cette recherche commune, orale, est destinée à mettre en évidence, d'abord, le lien qui existe entre le titre d'une pièce et son sujet principal. Le titre, en somme, est déjà, au théâtre comme dans un roman, tout un programme. Qu'on dise L'Avare, Le Misanthrope, Le Bourgeois gentil- homme, pour ne prendre que ces trois exemples, et c'est déjà une thématique qui surgit, que la lecture ou le spectacle viendra confirmer.


Ensuite, il faudra pousser les élèves vers cette idée que ce titre toujours, évoque bien souvent la figure centrale de l'œuvre ; que ce personna- ge soit évoqué de manière indirecte, comme dans les exemples donnés plus haut, ou bien que son nom apparaisse explicitement : Dom Juan, Bérénice, Antigone, etc. Dès lors, bien sûr, la classe s'attendra à ce que cette fameuse cantatrice chauve occupe le centre de la pièce. Nous savons qu'il n'en est rien, comme viendra le confirmer, pour les élèves, la lecture. Première déroute.


La genèse du titre


Demander aux élèves d'effectuer des recherches sur la genèse fameuse de ce titre.


Nous savons que la pièce, à l'origine, s'intitulait L'Anglais sans peine ; qu'un lapsus dû au comédien Henri-Jacques Huet, lors de la création de la pièce a donné l'idée, à Ionesco, de ce titre incongru et définitif.


Nous savons aussi que ce personnage de la cantatrice est évoqué une seule fois, au détour d'une réplique, à la scène XI et qu'ensuite il n'en est plus question. Ce caractère hasardeux du titre, sans lien avec le sujet de la pièce, cette apparition éclair d'un personnage qu'on s'attendrait à voir placé au centre de l'intrigue, ne fera que renforcer l'as- pect déroutant de cette première approche.

Ce sera une première occasion de forcer la classe à rompre avec les conventions auxquelles elle est habituée, avant de la conduire plus loin.


Le sous-titre de la pièce


Demander aux élèves de s'interroger sur le sous-titre de la pièce.


Ce sous-titre lui aussi fameux doit constituer une seconde surprise. Qu'est-ce qu'une anti-pièce ?
On pourra aider la classe dans sa réflexion à l'aide d'une citation de Ionesco, qui sera la suivante :
« Il me semble parfois que je me suis mis à écrire du théâtre parce que je le détestais. » (Notes et contre-notes)


Doit émerger ici cette idée que le théâtre de l'auteur se construit contre le théâtre traditionnel, classique. On n'hésitera pas à rappe- ler aux élèves que pendant longtemps Ionesco considéra le théâtre comme un genre mineur, gêné qu'il était par son caractère artificiel et la grossièreté de ses effets dramatiques. Nous voici sur une seconde piste, qui nous approche un peu plus du cœur de la pièce.


Qu'est-ce qu'une pièce de théâtre qui se construit contre le théâtre ?
Second mystère, donc. Qui pourra, si on veut aider un peu plus les élèves dans leur réflexion, être en partie résolu par cette autre citation de l'auteur :
« Cela était devenu alors une sorte de pièce ou une anti-pièce, c'est-à-dire une vraie parodie de pièce, une comé- die de la comédie. » (Notes et contre-notes)


La genèse de l'œuvre


Demander à la classe d'effectuer des recherches sur la genèse de l'œuvre.


L'histoire de cette genèse est fameuse et facile à dénicher par les élèves. Ionesco s'en est expliqué à plusieurs reprises. Cette genèse, avec l'épisode célèbre de la méthode Assimil pour l'Anglais, vient renforcer encore le caractère fortuit et anecdotique de l'œuvre.
Qu'est-ce qu'une pièce née de la volonté d'apprendre l'Anglais ?
Quel peut être son enjeu, son statut, sa raison d'être ? Troisième surprise et rupture des conventions.


La réception de l'œuvre


Demander enfin aux élèves de faire des recherches sur l'accueil réservé à la pièce à la date de sa création, en 1950.


Le but de cette dernière recherche, pour la premiè- re partie de l'avant spectacle, doit servir à mettre en évidence le caractère injouable de la pièce en 1950, à une époque où règnent d'autres genres théâtraux, qu'il faudra évoquer par la suite. La fina- lité sera aussi, et surtout, celle déjà évoquée dans l'avant-propos : la pièce une fois lue, les élèves doivent comprendre qu'ils sont finalement des lecteurs et spectateurs conventionnels, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme, au fait d'une cultu- re théâtrale classique ; leur montrer, en somme, qu'ils attendent cette convention dès lors qu'il s'agit pour eux de lire ou de voir du théâtre. Leur surprise, voire leur indignation, était déjà celle des critiques de la presse des années Cinquante. Si personne dans la classe n'a mis la main sur un article de l'époque, on fera lire, par exemple, un papier écrit par J.J. Gautier, dans le Figaro.


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