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Écrit en 2005 - français

Présentation

Extrait

Non, Ida ! Ida non ! Pourquoi ça coule Ida ? Non ! Mais, Ida ça coule toujours le sang. De l’intérieur ça coule. Tous les hommes Ida, crachent du sang. Ida ! Merde. Non, Ida. Tu ne vas pas recommencer. Ida regarde-moi. Dis-moi que c’est fini tout ça. Dis-moi, rassure-moi. Convainc-moi qu’on va pas devenir fous, qu’on va pas se déglinguer. Hein ! Qu’on va garder la tête, hein ! C’est important de garder la tête hein ! Ida. Toujours fiers, altiers. Hein ! Non ? T’y crois pas, Ida ? Ida Frida mon amour, mi amor. Dis-moi qu’on va encore y croire, que tu vas te serrer l a ceinture, que tu vas encore espérer. Oui Ida. L’espoir, tu connais, c’est rien ouais ! C’est rien tu dis ? Tu crois ? Mais je sais. De la merde, ouais ! De la fiente humaine ? Du caca d’oiseau ? Du caca, tout court ? Non, Ida, l’espoir est une petite fleur au milieu de tout ça. Une toute petite qui pousse au milieu de tout ça. Et qui pousse. Et qui bourgeonne et qui pousse. Et qui pousse. Et qui pousse et qui monte, comme nous qui montons et qui jamais ne posons, n’osons nous poser la question. Une plante qui monte c’est comme nous et alors elle nous pose la question : Pour quoi ? Pour qui nous prenons-nous ? Et pour qui nous prenons-nous, nom de Dieu ? Héhéhé ! Tu vois Ida que ça peut pousser, Héhéhé ! Même au milieu de la merde et même dedans ça peut encore pousser. Héhéhé ! Ça va Ida, ça va mieux ? Non, ça chavire dedans moi, quand ici ils ne taisent pas leurs armes, quand ici tes yeux se perdent dans le vague de leur clameur. Merde Ida. Merde. Ça va mal. Merde. Viens et avec toi je vivrai dans tout ça, hors de tout ça. Viens, soyons comme le vent. Faisons semblant d’être une énigme. Cachons-nous et baisons follement. Baisons, baise-moi, baisons, baisons-nous de la nuit tombée jusqu’à venue la piéger. Ça va pas. Ça chavire dedans moi. Je patauge, je m’arc-boute, je ne ris pas entièrement. Mon coeur se contorsionne et je souffle au lieu de respirer. C’est vrai. Ça chavire dedans moi. Mais, qu’importe. Dans ce vacarme de balles, de guerre et de fin de tout il y a encore tes yeux, des fleurs et des oiseaux.

Le texte par l'auteur