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Couverture de Epître aux jeunes acteurs

Epître aux jeunes acteurs

pour que soit rendue la parole à la parole

de Olivier Py


Epître aux jeunes acteurs : Extraits

« Et moi, dans mon costume de tragédienne ridicule, je dis cela encore : l’homme peut être sauvé par la parole et le rôle du théâtre est de montrer cela. De raconter cela et tout en racontant cela, faire vivre cela, cette Expérience. Entre les acteurs, on raconte cela de part et d’autre de la rampe, on ne le raconte pas, on le vit, on le vit comme vérité vérifiée. Que tous ceux qui n’ont pas l’espoir de ressusciter les morts sortent de cette salle, il n’y a aucune chance, aucune qu’ils voient le début du début de ce que je dis.
Mais comme ils sont venus pour voir ma robe, ils resteront. »




La Parole est promesse.
La Parole est cet amour qui s’incarne dans l’oralité sous la forme d’une Promesse.
Quand un homme promet, il dit : « Je te donne ma parole.»
C’est cette parole-là qui vient parfois dans l’exercice de la parole que nous faisons sur scène.
Toute parole se soutient d’une promesse, est la forme d’une promesse. La Parole est la chair de la Promesse. Entre hommes, une fois les besoins tus, il reste à partager la vie même, la joie même, l’Espérance. Cela est vrai que l’espérance peut vaincre la mort, tant qu’elle passe d’un cœur à l’autre il n’y a pas de raison que la mort la rattrape.


Comment échanger de l’espérance ? Aucun contrat séculier ne saurait obliger à l’Espérance. Mais de l’un à l’autre, elle passe. Elle passe, parce que dans un tremblement de la voix, dans une façon de réquisitionner le corps, de mettre devant sa bouche le testament, dans cette façon d’affirmer que l’on parle, il y a possibilité de prendre sur soi la foi de l’autre, comme de prendre sur soi la douleur de l’autre ;
Et ceci, bien au-delà de ce qui en est dit.
J’affirme que cette transmutation de la vie d’une âme dans une autre ne peut s’accomplir que par la Parole.
Et quand l’exercice de la parole est ravalé à la communication animale d’un besoin, quand on doute qu’il y ait de la Parole dans la parole, quand on méprise les mots, quand on crotte le lyrisme, on assassine le fait humain dans sa plus grande vertu.



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