Samira Bellil est une enfant des cités. Elle y a traîné son ennui, fuyant un foyer dominé par la violence de son père. Très jeune, elle découvre la vie en bande, les fugues, et apprend à s'affirmer par la violence. A 14 ans, Samira est victime d'un premier viol collectif à Sarcelles puis de plusieurs autres agressions sexuelles. Rongée par la culpabilité et le dégoût, détruite par l'ostracisme dont elle fait l'objet, y compris au sein de sa propre famille, Samira cherche des refuges illusoires dans la drogue, l'alcool et une fausse gaieté qui dissimulent mal une cicatrice mal refermée. Samira s'enferme alors dans l'agressivité, renvoyant à la société les brutalités qui lui ont été faites. Les coups, les insultes, les cris, la violence gratuite deviennent son mode d'expression. Elle arrive néanmoins à trouver la force de porter plainte, et parvient à obtenir la condamnation de ses agresseurs. Ce livre, qui intervient au terme d'une longue thérapie au cours de laquelle Samira Bellil a pu se reconstruire, est pour elle le moyen de laisser une trace de son histoire et de venir en aide aux victimes de viols, un message d'espoir pour dire qu'il est possible de s'en sortir. Dans cet ouvrage, elle pose un regard lucide sur la vie dans les cités, sur le rapport fille-garçon aujourd'hui, sur une certaine absence de discernement quant aux limites de la société de consommation, et sur les dysfonctionnements de la police et de la justice.