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Écrit en 2010 - français

Présentation

Dans un espace « post-traumatique », des hommes et des femmes conscients des brouillards qui les entourent, de l'absence d'horizon, bricolent les ressorts de leur propre survie ; ils se découvrent « proches » par le simple fait que tous sont sortis du temps qui règne au dehors, un dehors où tout s'accélère, où l'atmosphère est explosive, « insurrectionnelle », électrique... Longtemps, ils se sont trouvés pris, saisis, happés, emportés par un tournoiement de forces dévoratrices, affolantes, aveugles, nihilistes, contre lesquelles ils essayaient vainement de résister. Puis soudain, il y a eu une série de courts-circuits et, brutalement, ils se sont arrêtés, figés, immobilisés là où ils vivaient et travaillaient. Du même coup, ils sont devenus « obsolètes », inopérants, incapables de s'adapter aux vitesses et fluidités de circulation requises. Obstacles gênants sur les parcours rapides des gens dit « normaux », ils se sont retrouvés à l'écart et ont créé les conditions d'un « temps retardé », temps mythique qui transporte ailleurs, temps cathartique, « à rebours » de la vie d'aujourd'hui dite « réelle ». Là, ils exorcisent les figures qui les hantent et fondent l'espace d'une respiration commune. Face aux multiples formes de brutalités diffuses que notre monde contemporain génère, François Verret et ses compagnons opposent la violence : celle que Jean Genet revendiquait comme ultime défense possible lorsque l'individu ploie sous l'écrasement. Une violence qui, au-delà ou en deçà du cri, peut se faire tendresse, harmonie ou mélancolie, et se traduire dans les corps, dans les voix, dans les mots, les notes de musique et les images qui occupent le plateau. JFP