Note d’intention John a surgi suite à une invitation qui m'avait été faite par le Théâtre Parminou, une compagnie engagée dans les milieux associatifs et scolaires québécois, pour écrire une courte pièce autour de la question de l’intolérance. J'avais à cette époque, rédigé une série d’articles qui tentaient d’inventer, depuis des siècles, une manière d’assassiner sa jeunesse. Des statistiques m'avaient alors donné la mesure de l’importance des taux de suicides chez les jeunes occidentaux, plaçant aujourd’hui encore ce mal au premier rang des causes de mortalité chez les jeunes âgés entre 13 et 17 ans. Pourquoi une génération d’adolescents choisit de se donner la mort et pourquoi cette question était-elle si absente des scènes de nos théâtres ? Retournant d’une certaine manière le sens de ce mot, j'ai vu apparaître John, et j'ai choisi d’écrire une pièce sur l’intolérance envers soi-même, le dégoût de sa propre vie, le chagrin insondable des humiliations silencieuses. Les témoignages auxquels j'ai eu accès étaient si durs, si puissants, que j'ai voulu, par loyauté, écrire sans consolation sans fard, sans sauver le personnage, pour être au plus près de ce qui peut hanter une jeune âme à l’instant terrible de sa propre mise à mort. Ma conviction était qu’il fallait à tout prix écrire un texte qui pourrait ouvrir la parole des spectateurs, un texte qui adossé à un accompagnement de qualité, saurait, après la représentation, libérer les mots, les mots et les maux.

Wajdi Mouawad