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Écrit en 2016 - français

Présentation

J’ai rencontré Gérald Dumont quelques mois après l’assassinat du collectif de Charlie Hebdo. Nous étions toujours atterrés malgré les verres bus à leur santé et, naturellement, nous est venue l’idée d’écrire sur ce choc. Idée, besoin, envie, les mots étaient flous, pas l’esprit ni la colère liés à la perte d’une part de nous-même. Irréversible. Nous nous doutions qu’il y aurait d’autres attentats aveugles, mais l’ampleur du massacre de novembre a tout bouleversé. J’ai d’abord pensé à jeter l’éponge, comme si « Charlie » serait relégué dans quelques oubliettes de l’information, puis nous avons compris que nous étions entrés dans un conflit dont le 7 janvier 2015 était le détonateur. Tout le monde se souvient où il était ce jour-là, ce qu’il faisait au moment de l’annonce de la tuerie, de la tristesse et l’écœurement ressenti en découvrant les noms des victimes, devenues nos intimes. Il n’a pourtant jamais été question de décrire ce jour, ce qu’on a pu ressentir. L’apitoiement n’était pas l’esprit de la maison Charlie ; nous avons donc imaginé un monde sans eux, dans un futur incertain, absurde et violent, que deux personnages traversent comme l’ombre des morts. Le rire est aigre, forcément. C’est le moindre des hommages. Car si personne ne sait où nous mèneront ces tueries, une chose est sûre : un monde où on ne peut pas déconner serait la pire de nos défaites. Caryl Férey