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Leïla se meurt

de Ali Chahrour

Présentation

Au Liban, les pleureuses ne sont plus nombreuses. On les trouve encore au sud du pays et dans la plaine orientale de la Bekaa. Elles sont pourtant la pierre angulaire d'un rituel aussi religieux que social : les condoléances. Au cours de ces cérémonies pour lesquelles elles composent des poèmes à la mémoire de disparus, elles les disent en se lamentant, déterminées à faire pleurer leurs proches dans la grande tradition chiite. « Une esthétique de l'intime » que les guerres et la situation économique ont transformée, comme le pouvoir qui oblige désormais les familles à célébrer l'héroïsme des grandes figures collectives, substituant ainsi le devoir à l'émotion. Pleureuse, c'est le métier de Leïla qu'Ali Chahrour, soucieux de revenir aux références régionales de sa danse, a invitée sur scène avec lui et ses musiciens. Il lui a demandé de partager son expérience en chantant sa relation à la mort et, à travers elle, cette culture de deuil. Pour ce duo, le chorégraphe a pris le temps d'observer chez Leïla « ce qui la met en mouvement, elle dont le corps porte cette tristesse. » Il a ensuite imaginé une partition délicate capable de se glisser dans les interstices de cette plainte poétique qui apaise les âmes.