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ImitationOfDeath

de Stefano Ricci, Gianni Forte

Écrit en 2012 - italien

Présentation

Pendant le premier quart d'heure, il y a un malaise face à ce spectacle indéfinissable où la vie est jetée aux crocs des bouchers, où les corps appellent au secours, où les corps parlent, tressaillent, s’effondrent et se relèvent. Comme une sorte de réaction chimique entre l’infinie fragilité des hommes et l’absolue brutalité du monde. Puis l’apaisement, la communion avec ces acteurs danseurs performeurs enragés et beaux. C’est un parcours initiatique sur les traces de Chuck Palahniuk. Une sorte de diagramme des contradictions de l’homme d’aujourd’hui, avec ses dépressions, ses appareillages. C’est la médiocrité ambiante et la révolte qu’elle génère avec ses automutilations. C’est la dégénérescence de l’éthique qui s’effondre puis se relève grâce aux efforts incessants de la vie réelle et des infinies variantes de la survie. C’est Dickens pour les paraboles sociales et ses lumières blêmes de l’ère postindustrielle exsangue. Entre involution politique des états et évolution de notre état personnel, ça scratche furieusement. Nulle caricature : notre regard sur les êtres est lucide et sans agression. C’est une cartographie où se superposent les individualités avec leurs obsessions collectives dans un alphabet commun. C’est l’hologramme d’une simili vie, d’une simili planète où, renonçant à traquer les lueurs de vie, le meilleur sport à pratiquer reste sans doute une saine imitation de la mort.