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Couverture de Un Chien dans la tête

Un Chien dans la tête

de Stéphane Jaubertie


Un Chien dans la tête : La mise en voix

Carnet artistique et pédagogique des éditions Théâtrales. Voir le sommaire

Les exercices de mise en voix que je vais proposer ici sont des manières d’extraire des discours de leur contexte et les projeter ailleurs, les faire coïncider au présent de l’enfant, les accoler à d’autres phrases pour composer de nouvelles vocalisations individuelles.


Déroulé d’un exercice possible sur la thématique de la norme et de la folie :


Échauffement : Avant de commencer, il faut toujours échauffer le corps et la voix.


L’échauffement peut être très simple.

  1. Placer les enfants en cercle,
  2. Chacun se place debout, droit, les pieds disposés de la même largeur que le bassin et ancrés dans le sol. L’image de l’arbre enraciné peut être donné à chacun,
  3. Faire le silence pour écouter la respiration en posant les mains sur le ventre,
  4. Proposer quelques étirements pour réveiller progressivement le corps (tout le corps, des jambes à la mâchoire),
  5. Faire un premier tour pendant lequel chaque enfant dit son prénom, sans intention particulière.

Le tour de prénom peut être fait plusieurs fois à des rythmes différents et des intensités différentes (allant du chuchotement au cri).


L’exercice peut maintenant commencer :


voici des phrases issues du texte jusqu’à la page 20 et quelques questions que vous aurez imprimées et découpées au préalable, suffisamment pour que chaque enfant ait une phrase (vous pouvez ajouter des questions si nécessaire).


Répliques extraites du texte :

  1. Dîtes-moi la vérité. Je suis devenu... comme mon père, c’est ça ?
  2. T’es normal, toi, je t’assure. Tout ce qu’il y a de plus normal.
  3. Je suis... dans la maladie, moi aussi, c’est ça ?
  4. C’est à cause de papa, c’est ça ? C’est depuis qu’il est fou ?
  5. Tu sais, aux autres, j’ai pas dit qu’il était fou.
  6. Ton père est malade, c’est tout. C’est une maladie, comme toutes les maladies.
  7. On dit que la folie lui a mangé le visage. On dit des choses, tu sais.
  8. Ça leur faisait du bien d’insulter son père.
  9. Pour se dire qu’ils étaient tout ce qu’il y a de plus normal, eux. Des gens comme il faut.
  10. Ça rêve à quoi, unfou ?
  11. J’ai un fou au-dessus de la tête, oui maman, un fou un fou un fou chez moi, qui prend toute la place !
  12. Comme si ça allait le guérir de l’enfermer dans sa chambre et d’allumer la télé quand il grogne.
  13. Ceux qui sont pas pareils, ceux qui sont pas normaux, ça les guérit de les cacher ?
  14. C’est peut être un peu de ma faute, si la tête de mon père s’en va, puisque je ne suis pas un bon fils ! 15. Il est fou, ou il est pas fou, son père ?
  15. Bien sûr qu’il est fou.
  16. Pourquoi il dit pas que son père est fou, puisque tout le monde le pense ?
  17. Tu m’étonnes que si on le voit, on va te le mettre à l’asile, ton père !
  18. Montre-nous ton père, le fou !
  19. Et si on te disait que ton père est fou ?

Questions possibles à ajouter :
21. Ça veut dire quoi être fou ?
22. Est-ce qu’on décide d’être fou ?
23. Ça veut dire quoi être normal ?
24. Est-ce que c’est dangereux de ne pas être normal ?
25. Comment serait un monde sans fou ?
26. Qui dit que quelqu’un est normal ou pas normal ?
27. Ne pas être normal, c’est être fou ?


L’enseignant dispose ces phrases inscrites sur des bouts de papier au milieu du cercle. Chaque enfant va se déplacer à tour de rôle pour aller piocher une phrase.


À partir de là, le jeu de mise en voix peut commencer.


Les enfants sont en cercle, debout, leur bout de papier entre les mains.

  1. Chacun dit sa phrase à son voisin à tour de rôle,
  2. Chacun dit sa phrase pour la jeter au milieu du cercle à tour de rôle en respectant l’ordre du cercle,
  3. Chacun chuchote sa phrase à tour de rôle en respectant l’ordre du cercle,
  4. Chacun crie sa phrase à tour de rôle en respectant l’ordre du cercle,
  5. Chacun adresse sa phrase à la personne de son choix qui elle-même l’adressera à une nouvelle personne. Quand l’enfant a dit sa phrase, il s’assoit en tailleur au sol et on ne s’adressera plus à lui. Ce dernier point permet surtout de laisser l’opportunité à chacun de prendre la parole,
  6. Tous les dos se tournent, tête vers l’extérieur du cercle. Le premier enfant qui le veut dit sa phrase à voix haute puis se tourne vers l’intérieur du cercle. Un autre enfant suit. Un autre enfant suit encore. Mais, les phrases ne doivent pas se chevaucher sous peine de recommencer l’exercice.

Je pourrai ajouter beaucoup d’exercices à cette liste. Ici, déjà, ces quelques exercices vont prendre du temps parce qu’il s’agira de toujours veiller à ce que les enfants soient bien positionnés (voir l’échauffement), énoncent leur phrase de manière claire, prennent le temps de se placer avant de dire. Le regard sera très important pour l’exercice de l’adresse de la phrase à quelqu’un...


Cette mise en voix sur la thématique de la normalité et de la folie va permettre à chacun de se poser des questions qu’il ne se poserait peut être pas, d’énoncer des phrases qui ne le concernent pas du tout mais l’obligeront à considérer le sens de la phrase, une occasion de déplacer son point de vue. Une occasion aussi pour chacun de mâcher, de mastiquer les mots pour en mesurer la puissance. L’occasion de s’approprier, d’incorporer une phrase.


Chacun peut coller sa phrase dans son carnet de lecteur à la fin de l’exercice Cette mise en voix peut précéder un atelier de philosophie sur la folie (cf. annexe c).


Déroulé d’un exercice de mise en voix à partir des monologues du fils


Constituer des groupes d’enfants, comme des chœurs qui représentent FIls et distribuer les quatre monologues de Fils. Selon le nombre d’enfants par groupe, certains monologues seront répétés plusieurs fois mais cela n’a pas d’importance.

  • pp.32 à 34
  • pp.37 à 39
  • pp. 70
  • pp. 73

Donner des contraintes de mise en voix aux enfants. Dans la lecture de ce monologue, il faut que nous entendions :

  • une phrase chuchotée
  • une phrase dite à plusieurs voix une phrase criée
  • une phrase répétée plusieurs fois

Laisser une vingtaine de minutes aux enfants pour préparer leur mise en voix collective du monologue.


Les enfants peuvent ensuite se montrer successivement ce qu’ils ont préparé en petits groupes. Des temps de discussions critiques (bienveillantes) peuvent avoir lieu après chaque passage d’un groupe.


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