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Les Serments Indiscrets

de Marivaux

Écrit en 1732 - français

Présentation

Un valet et une soubrette, qui ont intérêt à ce que leurs maîtres ne se marient pas, entretiennent en eux la sainte horreur du mariage. Comme les parents désirent beaucoup cette union, Damis et Lucile consentent à se voir, mais uniquement afin de convenir d’un prétexte pour ne pas se marier. Arrivé dans cette pensée au château où demeure Lucile, Damis demande, à peine descendu, à la voir, mais celle-ci avait déjà pris la précaution de lui écrire une lettre où elle lui expliquait les motifs qui lui faisaient désirer de ne pas devenir sa femme avant de se retirer dans un cabinet voisin et de charger Lisette de recevoir son futur. Damis exprime sa répugnance pour le mariage en général, et ne doute pas que Lucile ne la partage. — Prenez garde, lui dit Lisette. Lucile est fort jolie. — Belle ou laide, Damis est bien sûr de ne pas se laisser séduire par elle : il répond de son cœur. — Et moi du mien, dit Lucile, dont la vanité a été blessée, en sortant de sa cachette. Damis est quelque peu interloqué, car Lucile est charmante et spirituelle, et dans la conversation qui s’engage, ils sont prêts à changer complètement de sentiment. Mais Lisette, qui craint qu’ils ne s’entendent, se hâte de les prendre au mot, et de leur faire jurer qu’ils ne se marieront pas. À peine le serment est-il prononcé qu’ils se repentent. L’orgueil les empêche de revenir sur leur serment, et passent leur temps à user toutes leurs forces à lutter contre leur cœur pour ne pas se démentir. Pour sauver les apparences, Lucile a engagé Damis à faire la cour à sa sœur Phénice. Damis obéit, et Phénice prendrait cette cour au sérieux, si un valet ne l’avertissait à temps, et ne lui faisait remarquer que Damis et Lucile s’adorent, et ne sont séparés que par un sot amour-propre. Quant aux parents, ils sont tout disposés à unir Phénice et Damis, puisqu’ils paraissent se convenir. Mais Lucile se met en travers ; elle cherche à persuader à sa sœur qu’elle ne sera pas heureuse avec Damis, et celle-ci, qui en veut un peu à Lucile de l’avoir exposée à s’éprendre du jeune homme, s’amuse à la tourmenter. À la fin, elle conduit Damis près de Lucile, elle lui ordonne de fléchir le genou devant sa sœur, et les force de convenir qu’ils s’aiment.