Je me khmers rouges la tête – j’me Tutsi les bras – je suis un pays sans statistiques – je guillotine ma conscience – je suis les mille Berlinoises violées un jour de capitulation – je suis un test ADN– j’adore le pamplemousse israélien – j’suis un caillou palestinien – je suis le passé – j’ai tiré sur vous – j’ai pas freiné aux feux – je jouis chez les putes – je suis dans un train – je suis de l’or polémique – je suis sans mémoires – Ph. Soltermann, extrait de - je – me – déconstruction –. - je - me - déconstruction - est une charge violente, une écriture de l'urgence produite dans la rage et la colère d'un instant précis: "Je regardais les informations et des images de migrants africains flottant sur les rives espagnoles; j'ai alors commencé à écrire en étant obsédé par ces corps gonflés d'eau." C'est ainsi une écriture nourrie de révoltes et de sensations que développe Philippe Soltermann. Le texte se construit autour d'une introspection personnelle, d'un "je" égotique et narcissique, en rupture avec un "je" pluriel dissident, dressant un état du monde désillusionné. Trois comédiens se font les porte-paroles percutant d'une humanité insipide, indolente, mêlant exubérance collective et désespoir individuel.