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L'Enquête - 90 minutes

+ d'infos sur l'adaptation de Benjamin Knobil ,
mise en scène Benjamin Knobil

: Évènements et thématiques

Le journalisme à la première personne


La force d’Hérodote et des « grands reporters » est de traiter avec le même exotisme les sujets domestiques et internationaux. Ils mettent le lecteur en empathie autant avec eux-mêmes qu’avec leur sujet. Ils n’aspirent pas à une objectivité factice. Ils exposent des faits rigoureux d’où découle une prise de position qui lance un débat. Une des grandes contradictions du journaliste est d’être une parole qui représente un média (qui est une forme économique qui doit être rentable) tout en gardant son intégrité personnelle. Ces journalistes se sentent à la fois témoins et acteurs du monde et disent « je » et assument leur subjectivité. Ce sont aussi des auteurs du monde, car une bonne histoire ne dépend t-elle pas de la qualité de celui qui la raconte ?


Le journalisme engagé est à l’échelle humaine


Le récit d’un évènement se fait forcement à travers le filtre du modèle culturel dont on est issu. Hérodote, et ses illustres successeurs, subissent des chocs de civilisations inouïs. Ils racontent d’abord de façon minutieuse ce qu’ils voient, sans hiérarchie de valeurs. Après acculturation, ils affinent leur reportage en se posant la question de l’universalité de la condition humaine. Les journalistes évoqués ici sont « engagés ». Leurs reportages se font toujours à l’aune des gens qu’ils rencontrent, ils mettent l’humain au premier plan. C’est cette démarche qui les préserve du prisme de la vision du tout économique. Ils sont capables d’offrir à leur public une vision globale d’un événement et d’interpeller : « Voici ce qui est arrivés à vos voisins. Qu’allez-vous faire ? »


L’information : un besoin soumis au marché


Comme du temps d’Hérodote, un journal répond au besoin de savoir ce qui se passe dans sa cité ainsi que dans celle d’à côté. L’information structure le quotidien et confirme à tous la notion d’appartenance à la société. Un journal est un miroir nécessaire et déformant du monde. Un événement existe lorsqu’il est mis sur l’agora, sur la place publique par les médias. Dès lors d’inévitables questions se posent. Comment décider de ce qui sera ou ne sera pas médiatisé. Qui paie l’info ? Un média public à t’il plus de crédibilité que venant du privé ? Comment une info gratuite et déhiérarchisée prétend-elle à l’honnêteté ? Quel est le sens d’une info sans un regard critique ou une réelle mise en perspective? Le temps de l’info permet-il ce lui de la réflexion ?


La coutume reine du monde


Des journalistes érudits capables de faire de savantes démonstrations géostratégiques sont bien démunis lorsqu’il s’agit de définir comment le cœur d’antagonismes millénaires perdurent pour des seules questions de coutumes. On est toujours le barbare de quelqu’un, on mange toujours l’innommable ou le sacré d’une culture et on a toujours le (ou les) meilleur(s) Dieu(x) que son voisin. Comment la coutume de l’autre devient-elle une menace, est-elle tolérée ou assimilée. A l’heure du « village global » promis par la globalisation, il est piquant de constater qu’outre les intérêts


La dramaturgie et le rituel risible de l’information


L’information répond à une dramaturgie, à une liturgie aussi étrange qu’amusante pour peu qu’on s’y attarde un peu. Que ce soit la mise en page d’un journal, la voix et les inflexions du reporter de radio, le décor et les costumes des présentateurs du JT, la chemise ouverte du correspondant des pays chauds, c’est la présentation et la personnalisation de la nouvelle qui lui donnera sa force et sa saveur. L’info est mise en scène ; elle est éclairée, musicalisée, hiérarchisée, dramatisée ou allégée. Il y a souvent une certaine fatuité dans la manière dont les nouvelles nous sont présentées avec tant d’importance. C’est une des raisons pourquoi les incidents qui peuvent arriver sont toujours savoureux. Ils font apparaître le ridicule de la cérémonie


Editorial


Dans nos sociétés, il est de plus en plus question du pouvoir de l’information, mais de moins en moins de journalistes . Les dépêches des agences de presse sont reprises sans critique ou analyse faisant le miel des journaux gratuits et d’internet, flattant les puissances financières et les grands groupes de presse. L’abondance de l’information en a fait paradoxalement une marchandise froide et déshumanisée. Hier comme aujourd’hui, des idéalistes continuent de vouloir rendre compte du réel. Ces journalistes mettent leur vie en danger pour perpétuer un des plus vieux besoins de l’humanité : raconter des histoires vraies qui parlent de soi et de l’humanité pour forcer la réflexion et agir le monde.

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