theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Ma Famille »

Ma Famille

+ d'infos sur le texte de Carlos Liscano traduit par Françoise Thanas
mise en scène Denis Mpunga

: Propos de l'auteur

A l’intérieur d’une famille, il n’y a pas de logique. Personne ne peut expliquer ce qui se passe entre des personnes de même sang. Les relations familiales sont inexplicables. Comme sont inexplicables les sentiments contradictoires entre parents, enfants, frères et soeurs. L’amour et le besoin d’être ensemble s’ajoutent à l’envie de maintenir une certaine distance avec les plus proches. Cette tension domine la vie de la famille.
Toucher à ce qui constitue la famille, c’est se plonger dans l’irrationnel, dans ce que la société considère comme presque sacré. Personne ne discute le sentiment que doit éprouver une mère pour son enfant, un enfant pour sa mère. De quels sentiments s’agit-il ? Chacun les connaît par le menu, mais ne peut ni les énumérer, ni les généraliser sans se contredire. Cependant, dans la vie, ce n’est qu’en brisant des sentiments, en s’opposant à sa famille qu’on avance. Même si, ensuite, on en reforme une autre, à soi, semblable, à l’image de la biologique. Ainsi se transmettent sentiments, préjugés, manières de résoudre les problèmes de la vie. Autrement dit: la culture profonde des sociétés.
Les parents ne parviennent à être vraiment parents que s’ils acceptent l’indépendance de leurs enfants. Les enfants ne parviennent à être véritablement adultes que s’ils cessent de dépendre de leurs parents. Les frères et soeurs s’ouvrent un chemin dans la vie le jour où ils décident d’être différents les uns des autres.
La famille est le lieu où se fait le commerce des sentiments. Le dire est facile. L’accepter ne l’est pas. Agir comme il convient est toujours impossible. C’est dans la famille qu’on rencontre les amours et les haines les plus exacerbées.
Quand j’ai écrit “Ma famille”, j’ai cru que c’était pour moi un moyen de mettre les choses au clair avec ma propre famille. Ensuite, je me suis rendu compte que c’était impossible. La famille, même de manière négative, continue d’être présente dans toutes les décisions prises par chacun. Les années passent et la vie se transforme en souvenirs. Alors, à ce momentlà, réapparaît la famille avec ceux qui sont là, ceux qui n’y sont plus, les habitudes héritées, les phrases toutes faites, les histoires, les légendes, les partis pris. Tout ce que l’hérédité familiale a laissé comme sédiment, parfois depuis des générations.
Il fut un temps où la famille, c’était tout. Il était impossible de survivre sans une famille. Aujourd’hui, elle est réduite au minimum. Mais demeure la nostalgie de la vie familiale. Cet espace intime où les générations - trois ou quatre -, depuis les parents jusqu’aux petitsenfants, font le commerce des sentiments sans aucun artifice.

Carlos Liscano

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.