Je désire composer un conte de l'enfermement, une ode à l'insoumission.
Il était une fois un monde de guerre, un monde organisé par les hommes, Il était une fois une femme.
Il était une fois une femme dont l'existence serait toute entière rythmée par des lois, des règles, des impératifs, des dispositifs de soumission.
Une femme voilée dont l'existence serait celle d'une vie réduite à l'état de veille, une femme enfermée dans sa vie comme dans une prison. Une humanité à bout de souffle, épuisée, un homme sous assistance respiratoire sans autre vie que l'inspiration et l'expiration.
Je vois ce spectacle comme un corps à corps, la lutte de cette femme et de cet homme. Un monde où la violence des dispositifs est plus ou moins visible, plus ou moins barbare. Et qui dans tous les cas, a la volonté de parquer les êtres, de les domestiquer, que ce soit par la multiplication traçable de la modernité, de l'asservissement à une consommation organisée et règlementée et de plus en plus sécuritaire, qui laisse et laissera crever ceux qui n'y participent pas ou qui ploient sous sa pression, aussi bien que par la soumission aux soi disant vérités de la foi,aux lois éternelles que seule l'éternité connaît mais qui brutalisent et assassinent tous ceux qui ne les partagent pas ou encore ceux qui soumis à la plus sommaire des dictatures celle des organisations fascistes ou totalitaires, croupissent dans des charniers ou survivent encore dans les prisons.
Le même horizon se dessine, celui d'un asservissement où les êtres ne sont traités qu'en nombre et d'où la liberté progressivement s'amenuise jusqu'à ce qu'elle ne soit plus désirée, mais source d'angoisse ou d'inquiétude, que chacun finisse par craindre ou redouter sa propre liberté et y renonce pour une tranquillité. Nouvelle terre promise.
Les hommes se battaient pour la liberté. Ils se battent aujourd'hui pour la tranquillité.
Alors ce spectacle sera un peu tout cela.
Une parabole.
La question du dispositif y sera centrale.
Je souhaite que cette question soit le spectacle lui-même et inventer un conte.
Un petit chaperon rouge et un loup et une maison.
Voilà.

Jacques Allaire