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Yvon Kader, des oreilles à la lune

mise en scène Jean-Claude Gal

: 6 questions au metteur en scène

Qu’appréciez-vous dans l’écriture de Jean-Pierre Cannet, avec qui vous avez déjà travaillé ?


C’est en effet ma deuxième commande d’écriture à cet écrivain, celle-ci portait sur l’engagement, la diversité. Ce que j’apprécie c’est que son écriture a du souffle, étrangement humaine avec à la fois une grande générosité et une grande violence qui transparaissent.
C’est également une écriture avec une grande poésie, un certain lyrisme. Cannet parle surtout du regard des autres sur nos différences, notre peur de prendre contact…
Nous sommes démunis face à nos différences. L’anormalité est quelque chose de gênant.


Pourquoi cette thématique du handicap vous interpelle-telle ?


C’est surtout la thématique de la différence qui m’interpelle, tout ce qui n’est pas dans une sorte de logique, de « normalité ». Plus nous avançons dans la vie, plus nous constatons que tout est amplifié. Pourquoi considérons-nous les gens différents de nous comme n’appartenant pas à la normalité ?


L’essentiel du travail des élèves du Conservatoire est de transmettre une certaine vigilance.
J’ai une vision de la jeunesse porteuse. Je n’ai trouvé que cette place pour la vigilance.
Nous sommes en plein coeur de cette thématique des gens qui ne sont pas communs. Nous sommes plutôt attentifs à l’immédiateté d’analyse. Il faut que tout soit simple, consommable, actuellement.
Face à un handicap, nous sommes démunis, nous avons des gestes maladroits.


Quelle vision souhaitez-vous en donner ?


Je souhaite donner la vision d’un monde intérieur. Je veux donner à voir tout ce monde qu’il s’est fabriqué autour de lui. Nous sommes partis d’un monde intérieur créé à partir d’un fauteuil philosophique. Un univers obscur se concentre, une cosmogonie se referme sur un fauteuil.
C’est un univers difficilement communicable, l’univers intérieur est rempli d’un imaginaire fulgurant qui nous sidèrerait.


Quel est votre parti pris scénique ?


Nous sommes tous des Kader, nous sommes tous différents. Nous avons plus ou moins de différences avec les autres.
La mythologie du handicap n’a pas de visage. Il est chacun de nous.
Son vêtement est plus coloré que les autres.
Ce Kader est riche : il a une poésie, une force de générosité, une capacité à accepter la douleur. Cela va le rendre plus fort. Il est responsable de lui-même. Il subit une injustice.
Comment incarner ce problème mécanique ?
Dès que nous nous appuyons sur nos différences, nous en trouvons en chacun de nous.
La chose terrible, c’est sa profonde lucidité d’âme. Il ne comprend pas le rejet des autres, leur regard, même s’il connaît sa différence.


Pouvez-vous repréciser cette idée de choeur pour incarner le personnage d’Yvon Kader ?


J’ai plutôt choisi de faire incarner Yvon par deux comédiens : l’un qui raconte, qui est le porte-parole et l’autre qui vit l’action, la joue.
Nous changeons le texte au fur et à mesure des répétitions. J’ai envie qu’il change son destin. La théâtralité permet de le changer.
Ce sera surtout son univers mental qui sera représenté. Il vit avec des astres. Tout sera en miroir. Les gens se regardent en miroir. Même les spectateurs se regardent avec des satellites au-dessus d’eux.


Quel intérêt trouvez-vous à travailler avec et pour la jeunesse ?


Je représente un service public. Le théâtre est là pour éduquer les gens, éduquer le regard des autres. L’adolescent devient un transmetteur.
Néanmoins, je fais du théâtre destiné à tout le monde. Le thème étant universel, il intéresse aussi bien les adultes que les adolescents.
La jeunesse apporte quelque chose de différent. Je leur demande de mettre en avant leur individu, leur vraie personnalité. Ils doivent éviter de jouer un autre personnage et doivent avant tout être eux-mêmes.
Je me sers du théâtre et de l’espace du plateau pour dire le monde.
C’est un microcosme.
Je veux responsabiliser les jeunes, ne pas les laisser en paix.
Je mets leur énergie au service d’une cause. Nous pouvons changer le monde, quand nous sommes jeunes.
La force du théâtre est qu’elle permet d’ouvrir les yeux et d’ouvrir l’esprit.
Ce qui m’intéresse, lorsque je suis spectateur, c’est d’être surpris par une analyse, un angle de vue.
Je n’aime pas le théâtre qui parle de rien.
Je veux mettre ma démarche au service des autres.

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