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Les Femmes de la maison

+ d'infos sur le texte de Pauline Sales
mise en scène Pauline Sales

: La pièce

Par Pauline Sales

Les années 40, un homme aime une femme photographe qui le quitte pour un autre. Afin de lui permettre de vivre pleinement sa vie de femme et d’artiste, il lui offre, en cadeau d’adieu, le mariage et une maison Cet acte fondateur va modifier Joris et son rapport aux femmes. Des années plus tard, de nouveau propriétaire de la maison, il ne se résout ni à la vendre ni à la louer. En souvenir de cet ancien amour, il la prête à des femmes artistes qui en font pour quelques semaines ou quelques mois leur abri, leur atelier, leur lieu de création.
Il y a quelques règles à respecter, une œuvre à laisser en fin de séjour et la présence d’une femme de ménage qui veille sur la maison autant que sur la locataire. La maison des femmes accueille différentes artistes et sollicite plusieurs femmes de ménage les années passant. Simone tente de prendre son indépendance et de trouver son identité artistique dans les années cinquante. Miriam et ses compagnes explosent les règles et font souffler le vent américain de la liberté et de l’émancipation des années soixante dix, enfin trois résidentes d’aujourd’hui cherchent à échapper, chacune à leur manière, à l’instrumentalisation dont peut faire les frais la figure de l’artiste femme après avoir été tant niée.


Les femmes de la maison se déroule sur trois temps. La pièce propose, en miroir avec la société de chaque époque, un regard sur la femme et l’artiste, seule, en collectif, féministe ou pas. Elle retrace un chemin qui ne se prétend pas exhaustif ni historique, mais sensible et fictionnel. Y sont forcément abordées en creux ou plus frontalement les grandes questions, les grandes frictions : le rapport aux hommes, plus largement au patriarcat, le désir d’action et/ou de passivité, la sororité qui n’empêche pas la rivalité, les questions de classes et d’origine, comment l’intime est lié au politique, de quoi naît la recherche artistique, le rapport au temps, à l’espace, au travail. Aux côtés de ces femmes artistes, des femmes employées aux travaux ménagers. Soi-disant secondaires, elles oeuvrent pour que d’autres s’émancipent, elles révèlent parfois le fossé qui les sépare - à qui et pour qui oeuvrons-nous en tant qu’artiste - s’émancipent elles-mêmes, en tout cas influencent les oeuvres et les personnes et sont influencées par elles.


Pendant ce temps-là, Joris filme la décolonisation, plus attentif et capable d’empathie envers cette indépendance des peuples, que vis à vis de celle des femmes qu’il loge par hasard, aime-t-il à rappeler. Homme à femmes d’une manière singulière (il accumule une collection d’oeuvres d’art réalisées par des femmes ), il se tait le plus souvent en leur présence et profite de ce drôle de rôle que lui confère son grand âge au fur et à mesure que la pièce avance et à quoi l’oblige son sexe - pour une fois en minorité - se faire oublier et assister à l’intimité des femmes aux premières loges.


L’origine de cette pièce est de réunir, comme ce fut déjà le cas sur J’ai bien fait ? et En travaux, des actrices et un acteur avec lesquels des liens profonds, amicaux et professionnels existent.


Les acteurs, c’est principalement ce qui motive mon désir de mise en scène. Déjà les réunir c’est s’imposer une contrainte, un jeu, une gageure, un paysage. C’est tout à la fois poursuivre une histoire et la renouveler.
Hélène Viviès est présente depuis ma première mise en scène. Olivia Chatain, comédienne permanente au Préau CDN de Normandie à Vire pendant sept ans, était déjà dans le distribution de J’ai bien fait  ?, Vincent Garanger, avec qui j’ai dirigé le Préau durant dix ans et pour qui j’ai déjà beaucoup écrit, était une évidence. Quant à Anne Cressent, nos routes se sont déjà bien souvent croisées.


Trois femmes et un homme, ce n’est pas une distribution fréquente, on le sait bien. Ce choix préside donc à l’écriture et propose de fait un champ d’investigation que nous allons tenter de défricher.
Chaque actrice jouera plusieurs rôles. Elles traverseront chacune les trois époques. Bien que sans lien de filiation d’une temporalité à l’autre, elles suivront quand même un fil d’interprétation. Elles auront comme un lien de parenté d’une époque à l’autre. Non pas une famille de sang, mais il a bien fallu que telle femme, même anonyme, vive pour qu’elle donne vie à telle autre. L’acteur jouera Joris, l’homme qui traverse la pièce, pas l’homme auquel on aurait pu s’attendre, dévastateur et viril, l’homme sans âge, l’homme décalé, l’homme qui exprime sa masculinité autrement que dans le stéréotype. Et puis dans la dernière partie, il sera Christiane, une des femmes de ménage qui parcourt la pièce. Il sera la voix et le corps de Christiane.


La pièce doit son titre à l’exposition Womanhouse qui eut lieu en 1972 en Californie organisée par Judy Chicago et Miriam Shapiro qui proposaient à vingt-cinq artistes femmes d’investir une maison abandonnée et d’examiner en profondeur le thème du vécu féminin, de déconstruire par la réalisation d’oeuvres, les codes de l’enfermement domestique forcé. Cette exposition, qui connut un vif succès populaire, a été le point de départ de l’exposition Women House qui s’est déroulée à la Monnaie de Paris en 2017.


La maison


Une maison et trois époques. Une maison qui évolue selon les époques, capable de voyager dans le temps mais aussi dans l’espace comme un vaisseau spatial. Dans les années cinquante, la maison évoque la France de l’après guerre, la banlieue parisienne. Dans les années soixante dix, nous nous sommes insidieusement déplacés aux États Unis, Californie. Dans les années 2020 et plus, l’endroit semble plus indistinct, le climat modifié par le réchauffement climatique, se côtoient plantes tropicales et océaniques.
À chaque fois, la maison reflète ce qui se joue de l’époque et des enjeux féministes : close et bouillonnante comme une cocotte minute dans les années cinquante, portes et fenêtres ouvertes, exposée et prête à toute les libertés dans les années soixante dix, mystérieuse, équivoque, trouble, incertaine, en pleine mutation, dans le monde contemporain.


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